Arcane No 17 du Tarot Egyptien de Laura Tuan
A l'endroit : Perte - Passage - Vol - Bouleversement
A l'envers : Ruine - Destruction - Léthargie - Apathie
Sens de cet Arcane : Comme le défunt en question n’est autre que la divinité Osiris, on devrait parler de résurrection plutôt que de mort : en effet, après avoir été démembré par son frère Seth, Osiris est revenu à la vie grâce au souffle vital de sa femme. A coté de la momie, toujours représentée en Egypte avec les bras le long du corps et entourés de bandelettes, la scène est complétée par lé grand "momificateur" Anubis et le Bha du défunt, un des éléments de contact entre lé corps physique et les principes spirituels qui appartiennent à l’individu. Il voltige au-dessus du corps, sous la forme d’un oiseau qui tient entre ses serres l’insigne divin, la marque de Nether, semblable à une hache. Bha, l’oiseau-âme, est doté d’une individualité propre : il peut agir librement et également se déplacer en dehors du sépulcre, dans les lieux chers au défunt. Il n’est rien d’autre qu’un des différents principes qui constituent l’individu, dispersés au moment de la mort, puis réunis par des formules magiques au moment du rite de l’ouverture de la bouche qui redonne au défunt le souffle vital. On peut ajouter à cela le principe immortel qui appartient au ciel ; l’Ab, lc cœur, siège de la volonté, de l’intelligence et du sentiment ; le Ka, le double ésotérique, représenté par une paire de bras levés, à qui est confié la réserve des énergies vitales nécessaires au prolongement de la vie dans1’outre-tombe. Le mot mourir, en Egypte, n’a rien de définitif. Il définit simplement un passage dangereux et résonne comme "passer dans son propre Ka". Grâce aux précieuses informations contenues dans le Livre des morts, un recueil de sortilèges complétés par des dessins qui augmentent leur puissance d’évocation, le défunt "ressuscité et divinisé", retrouve sa faculté de mouvement. Victorieux des dangers et des pièges de l’au-delà, il devient capable de se procurer ce dont il a besoin, grâce aux offrandes de nourriture, aux parfums et aux formules magiques, sans lesquels une seconde mort, cette fois définitive, deviendrait inévitable. La dépouille mortelle d’Osiris contient également une donnée symbolique intéressante : elle a été lacérée en quatorze parties par Seth. Or ce nombre correspond au nombre de jours qui séparent la nouvelle lune de la pleine lune et vice versa. Au cours du dix-huitième jour du quatrième mois (choiak) qui a suivi l’inondation du Nil, Osiris, enfermé dans son sarcophage qui représente le four alchimique dans lequel se déroule la transmutation, est ressuscité après avoir été régénéré par son passage initiatique dans l’outre-tombe. Les morceaux de son corps, mélangés à de la terre, des céréales, de l’encens, de l’or et modelés comme une statue, ont poursuivi leur processus vital sous forme végétale. Vingt-huit épis sont sortis de terre, soit autant qu’il y a de jours clans une lunaison complète. C’est comme si, à travers la mort, le demi-cycle incomplet (quatorze morceaux) avait atteint la totalité d’un cycle lunaire (vingt-huit jours). Dans le sillage du Dieu devenu Onnefer, être fertile et puissant, tout homme mort après lui qui avait été embaumé et conduit à bord de la barque solaire a travers les pièges des marais de l’enfer pouvait s’attendre à une seconde vie, consacrée aux mêmes activités que celles qu`il avait effectuées pendant son séjour sur la terre. Il pouvait toutefois utiliser des statuettes magiques de remplacement, les shaouabti, une sorte de serviteurs occultes qui lui permettaient de jouir de l’oisiveté ultra-terrestre, sans avoir a se fatiguer. Il lui suffisait en effet de faire exécuter à ces statuettes tous les travaux qui lui revenaient.