03 - Révélations sur la Vie extraordinaire de Myriam de Magdala,
celle de sa demi-sœur indienne Sarâla
et sur l'Aventure étonnante de Yeshoua puis de Maximin
Le Départ de Myriam et de Jean pour l'Inde… 2/6
An - 3 // Ce voyage va durer bien plus longtemps que prévu car l'information de leur départ pour l'Inde a rapidement été signalée sur tout le trajet. Les amis de Syrus, veulent tous l'accueillir lors de son passage afin de faire la connaissance de sa fille déjà célèbre malgré elle… C'est ainsi que Syrus fait découvrir à Myriam et à Jean les villes de Damas, Palmyre, Mari, Uruk, pour les principales. La partie terrestre du voyage durera trois mois au lieu d'un seul en temps normal. Bien sûr, la caravane de marchandise ne les a pas attendus, heureusement.
Quand ils arrivent au port de Bacra, les trois navires marchands sont déjà partis à l'exception d'une birème chargée de les attendre patiemment. Après un dernier arrêt à Oman, la traversée se passe sans la moindre difficulté et leur arrivée dans le port d'Allepey est annoncée bien avant qu'ils n'y entrent. D'ailleurs, le Radja de Kottayam les attend en personne avec son escorte personnelle.
L'entrée au palais est fastueuse, toute la cour est là pour les accueillir. Par le décès de son père, Syrus est devenu le chef d'une famille reconnue alors qu'avant, il n'était que le fils de son père… Dans ce pays, Syrus est considéré à un niveau comparable à celui d'un roi. Myriam et Jean sont aussitôt présentés à tous les membres importants du palais puis l'intendant les prend en charge pour les installer dans un petit palais légèrement à l'écart dans le fond de l'immense parc. Les appartements qui leurs sont alloués sont d'un luxe incroyable. De plus, ils ont à leurs dispositions de nombreux serviteurs particulièrement efficaces et discrets.
Après trois jours de repos et de détente, Myriam et Jean reçoivent leur première invitation pour une soirée en compagnie des plus grands sages de cette contrée. Bien sûr, Syrus les accompagne pour faire les présentations. L'accueil qui est fait à Myriam l'impressionne à un point qu'on ne peut souhaiter plus élever. Elle est l'invitée principale de la soirée qui commence par un extraordinaire spectacle de danse. Tout en virevoltant autour d'elle, des danseurs déplacent son fauteuil en le faisant glisser par des mouvements courts mais très précis. En deux ou trois minutes, son fauteuil est disposé au milieu de l'espace de danse et elle est le centre de toutes les attentions.
Après que les danseurs se soient discrètement retirés, des danseuses viennent se mouvoir autour de Myriam à la toucher, certaines portants de très beaux masques de Divinités féminines hindoues tandis que d'autres portent des masques assez terrifiants. Les danses sacrées se succèdent pendant deux heures alternant des moments très dynamiques à des moments pleins de tendresses. Myriam est complètement éblouie par tant de grâces et de gentillesses à son égard.
Plus tard, elle apprendra que lors de ce spectacle, elle a participé à son insu à la chorégraphie en jouant le rôle de la Grande Déesse-Mère Dévi assise sur son trône face au panthéon hindoue. La moindre de ses réactions était analysée par une multitude de paires d'yeux particulièrement critiques à chaque émotion. Heureusement, jamais elle ne fut habitée par une crainte quelconque malgré les masques terrifiants qui venaient la provoquer de vraiment très près. Jamais elle n'eut le moindre geste de recul. Elle resta complètement dans la Joie et dans l'Amour et c'est ainsi qu'elle réussit sa première initiation sur les terres indiennes.
Après que le calme soit revenu dans la salle, Myriam et Jean sont invités par un groupe de sages à se joindre à eux dans une salle à l'écart du brouhaha où ils se font intégrer dans un cercle très restreint. Son père est présent au milieu des plus grands sages du royaume. Avec une mouvance toute naturelle, Myriam est entrainée dans un premier groupe tandis que Jean est poussé vers un second. Pendant plusieurs heures, dans une ambiance très conviviale, chacun de son côté, va pouvoir s'exprimer sur les plus grands mystères de la Vie et en débattre avec des sommités. Le sanskrit, le grec et le cananéen se superposent sans arrêt selon les interlocuteurs sans leurs poser, à l'un ou à l'autre, le moindre souci.
En Myriam, tous reconnaissent une très belle incarnation placée sous la protection de la Grande Déesse-Mère Dévi, Déesse profondément vénérée dans toute l'inde et qui est considérée comme étant la Mère de tous les Dieux. Pour Myriam, cette reconnaissance totale lui ouvre aussitôt les portes les plus hermétiques de la spiritualité hindoue. De son côté, Jean n'ayant pas été reconnu avec la même ouverture de Conscience que Myriam n'est pas autorisé à entrer dans certains cercles parmi les plus secrets.
Il en existe plusieurs et en fonction des niveaux d'études acquis et des indications données par les grands Sages, l'un et l'autre seront pris en main dès le lendemain par des maîtres différents. Mais dans leur intimité, Myriam lui apprendra beaucoup plus de choses à l'exception des enseignements secrets qu'elle s'est engagée à ne pas divulguer.
Comme Jean disposait de bien plus de temps libre que Myriam, le Radja, ami de longues dates de son père, le prend personnellement sous sa coupe et le confie à ses officiers afin qu'ils lui apprennent l'art du commandement militaire, de la cavalerie et du maniement des armes. Mais ce n'est vraiment pas un domaine dans lequel Jean se sent à l'aise. Le Radja se rend vite compte de son erreur et en discutant avec Jean, ce dernier lui apprend qu'il se sent bien plus intéressé par l'agriculture et l'élevage. Il souhaiterait apprendre à gérer un domaine et à mieux le mettre en valeurs. Alors le Radja le nomme adjoint à l'intendant du royaume et à ce titre Jean est souvent invité à partir en voyage dans tout le royaume, selon les besoins et les problèmes à résoudre, selon les récoltes et les moments de plantation aussi.
Pendant ce temps, Myriam continue d'accéder à des connaissances les plus secrètes que ce soit en Astrologie, en Astronomie ou encore en Mathématiques. Ayant toujours été passionnée par les plantes aromatiques et par les parfums, elle commence également à apprendre la médecine ayurvédique, science déjà très ancienne qui est justement originaire de cette région. Très vite, elle excelle dans l'art de soigner par les plantes et dans la guérison par l'alimentation… Elle apprend, une à une, les vertus et les propriétés de chaque plante, quand et comment les cueillir, comment les faire sécher ou au contraire comment les faire macérer et enfin comment les réduire pour en faire des essences, des baumes ou encore des arômes pour les parfums comme pour l'alimentation.
La Rencontre de Myriam et de Sarâla…
A la cour, la reconnaissance du Radja l'aidant grandement, Myriam est admise dans les cercles féminins dans lesquelles se trouvent les nombreuses filles du Radja et leurs amies les plus proches. C'est lors d'un de ces après-midis récréatifs qui leurs sont organisées que Myriam rencontre une de ces jeunes femmes. Elle lui est présentée comme s'appelant Sarâla, prénom qui veut dire :
"Celle qui marche librement dans la droiture…"
Contrairement à toutes ces Femmes qui chantent, dansent, mangent et s'amusent ensemble, Sarâla reste souvent seule dans un des recoins des nombreux et somptueux salons. A l'évidence, elle préfère rester à l'écart de cette agitation permanente. Instinctivement, Myriam se sent très attirée par elle, le calme et la grande force intérieure qui se dégagent de cette jeune femme lui convenant très bien. A ce moment, elle-même est âgée de 19 ans tandis que Sarâla en a deux de moins qu'elle. Au premier regard qu'elles échangent, un courant extraordinaire passe entre elles, émotion profonde qui lève rapidement les voiles de deux éducations certainement forts différentes aussi bien sur le plan social que sur le plan religieux.
Lors de cette première rencontre, la conversation glisse sur des sujets extrêmement variés et en très peu de temps, leur complicité grandit au fur et à mesure qu'elles découvrent qu'elles ont exactement les mêmes centres d'intérêt et surtout qu'elles sont en train d'étudier les mêmes sciences. Par la suite, elles ont de plus en plus de plaisir à se retrouver ensembles et elles réalisent rapidement qu'il y a entre elles beaucoup d'Amours et beaucoup de tendresses tant spirituels que charnels d'ailleurs.
Sarâla qui a déjà eu une vie affective prend l'initiative et avec beaucoup de douceurs et de délicatesses, elle initie très justement Myriam à la sensualité féminine et à l'Amour physique. Elles deviennent tout naturellement amantes mais restent très discrètes sur leur relation qui n'a d'ailleurs rien d'exceptionnel. A cette époque, les Femmes vivent toujours en petites communautés et dorment rarement seules. Leurs maris ou compagnons n'y voient aucun inconvénient car tous savent que c'est un excellent moyen pour que leurs épouses ou amantes apprennent entre Femmes à développer leur sensualité ainsi que des techniques amoureuses dont ils bénéficieront ensuite. D'ailleurs, dans la religion juive, l'homosexualité entre hommes est punie de mort alors que rien, absolument rien, ne parle de l'homosexualité féminine.
Sarâla a été mariée à treize ans à l'un des fils du Radja qui en avait neuf ans de plus qu'elle. Ce n'était pas son choix personnel mais elle ne l'a accepté que pour convenir aux traditions, un refus de sa part ayant compromis son existence même. Elle n'a jamais aimé son mari mais elle reconnait qu'il a toujours été tendre et respectueux envers elle. C'était un homme sportif qui avait choisi une carrière militaire et c'est pendant un entraînement, en voulant bêtement prouver son courage, qu'il s'est empalé sur son propre sabre en tombant de cheval. Ce drame s'était passé deux mois seulement avant l'arrivée de Myriam à Kottayam. Sarâla est donc une toute jeune veuve et cette rencontre avec Myriam arrive à point nommé car pour Sarâla, le fait qu'elle soit veuve la met au ban de la société indienne…
Comme elle n'a eu aucun enfant durant ses quatre années de mariage, aucun homme de la cour n'ose la courtiser et de toutes manières, le Radja s'y opposerait car si elle n'a pût enfanter, c'est forcément qu'elle est mal aimée des Déesses, une croyance populaire bien ancrée, malheureusement pour les femmes. Il a dû user de toute son influence politique et spirituelle pour que sa belle-fille ne subisse pas le satî, sacrifice ultime de la femme qui ne veut pas être séparée de son mari, même dans la mort.
Le Radja a réussi à lui éviter cette mort en affirmant que si elle n'avait pas eu d'enfants, c'est parce qu'elle ne s'était pas laisser suffisamment aimer par son mari et que de ce fait, elle ne pouvait certainement pas être une bonne épouse… Il n'y avait donc aucune raison pour qu'elle accepte de suivre ce dernier sur le bûcher funéraire, cette faveur étant réservée aux femmes éperdument amoureuses de leur mari... Mais pour Sarâla, il y a une grave contrepartie, elle est totalement déconsidérée par tous, par les hommes autant que par les femmes.
Pour le Radja, elle est désormais comme un fantôme. Si elle lui avait donné un petit-fils, il en aurait été très heureux mais à cause de cette naissance, elle ne serait plus qu'une pincée de cendres. Du fait de son veuvage et de sa survivance aux traditions religieuses, lors des fêtes organisées dans le palais, la présence de Sarâla n'est acceptée que comme danseuse sacrée car elle est vraiment la meilleure et de loin. Sa grâce n'a pas d'égale et c'est la plus grande spécialiste des danses dédiées à la terrifiante Déesse Kalî… Ses masques de danse sont terrifiants de beauté et ils peuvent générer les pires frayeurs chez certains.
C'est d'ailleurs elle qui avait dansé le rôle de cette terrifiante Déesse autour de Myriam lors de son arrivée au palais et elle ne l'avait épargné en rien, bien au contraire. Beaucoup auraient paniqués devant tant de présence et de force mais Myriam avait conservé son sourire tout le long du spectacle. Mais au palais, dès que Sarâla termine sa prestation pour laquelle elle a été invitée, elle ne peut y rester car les hommes se détournent sur son passage et les femmes ne se privent guère de la maltraiter de diverses manières.
Sarâla aime beaucoup la Déesse Kalî, la Déesse noire, une Déesse qui n'est effrayante que pour les personnes douteuses, mais que ceux qui n'ont aucune mauvaise action à se reprocher considèrent comme étant la plus grande Déesse d'Amour. Chaque jour, Sarâla suit un entraînement de danse très rigoureux qui commence par un profond travail spirituel indispensable pour atteindre un tel niveau de présence et de conscience. Puis, elle se met en mouvement en suivant les indications de son maître de danse et, dans la dernière partie, elle laisse libre cours à l'improvisation, ce qu'elle appelle la voix de la Déesse.
Mais en dehors de cette activité toute personnelle, ses anciennes amies n'osent plus la fréquenter et comme elles se détournent d'elle, Sarâla se retrouve bien seule. Elle passe la majorité de ses journées dans la solitude mais heureusement, quelqu'un de très particulier lui donne des enseignements sur le Tarot et l'Astrologie, sur l'Astronomie et les Mathématiques. Elle en est devenue une experte confirmée au point que le conseil du Radja, avant le décès de son mari, a fait plusieurs fois appel à ses services, son jeune âge lui assurant une réelle innocence, qualité très appréciée dans de nombreux cas de politiques intérieures. Mais désormais, le conseil ne la juge plus digne de siéger parmi eux.
Heureusement pour elle, l'arrivée de Myriam change complètement sa vie. Malgré l'accueil chaleureux du Radja, Myriam, elle aussi, est souvent délaissée par les femmes de la cour, certainement à cause de la différence de race et de culture. Le rayonnement de Myriam n'est certainement pas étranger à ce mépris. Ce sont des oisives et aucune de ces femmes n'étudient quoi que ce soit d'autres que les arts féminins. Aucune ne parle le Cananéen ou l'hébreu, et très peu le grec. Le sanskrit que parle Myriam ne lui permet pas de comprendre les subtilités du langage féminin. De plus, le niveau de conversation n'est pas très élevé car l'enseignement ne fait nullement partie de leurs activités quotidiennes. Myriam leur apparait comme un mystère, il est impossible pour elles qu'elle soit une vraie femme capable de générer une descendance. Il faut avouer que pour ces femmes, plaire et se taire est tout ce qu'on leur demande.
La rencontre de Myriam et de Sarâla est comme l'apparition d'un second soleil, sentiment également partagé par Jean d'ailleurs… Les deux femmes passent de plus en plus de temps ensembles et bizarrement, Sarâla connait assez bien l'hébreu et possède d'excellentes notions de cananéen. Cela étonne beaucoup Myriam mais elle ne se pose pas plus de questions que cela, ce pays étant vraiment remplit de surprises. Elles n'ont donc aucun mal à communiquer dans une très grande compréhension. Côté langage, elles jongleront toutes leurs vies avec l'hébreu et le cananéen, avec le grec et le latin, et le sanskrit.
Sur le plan des sciences occultes, Sarâla possède un niveau de connaissances bien plus accompli que celui de Myriam. C'est presqu'avec une autorité naturelle qu'elle prend le relais du grand-père pour continuer à enseigner ces sciences mystérieuses et secrètes à Myriam. Bien plus tard, elle sera mieux connue autour du bassin méditerranéen sous le nom de Sarah l'Égyptienne parce qu'elle y aura beaucoup voyagé ou encore sous le nom de Sara Kalî à cause de sa spécialisation dans les danses sacrées envers cette Déesse. Elle sera aussi appelée la Reine Noire par les gitans, eux aussi d'origine indienne, tout simplement parce que sa couleur de peau est plus foncée que celles des peuples méditerranéens, hormis la race noire…
A la recherche du Féminin Šacré…
Grâce à Sarâla, Myriam découvre rapidement les grands secrets de l'hindouisme et du tantrisme, philosophie qui donne un caractère sacré à l'union sexuelle, philosophie que l'on retrouve également dans la pratique du culte de Baal et d'Ashtart en Palestine. Chacun des partenaires doit développer une capacité lui permettant de ressentir sa propre dimension spirituelle afin de réussir à échanger avec son partenaire dans des niveaux de conscience bien supérieurs. Dès que les partenaires parviennent dans cet état de transe très particulier, des liens se créent entre les deux corps physiques et les différents corps spirituels sans lesquels aucune incarnation ne pourrait exister. Quand cela se fait, les énergies qui se libèrent sont de toutes beautés et remplissent chacun des partenaires d'un Amour extraordinaire, l'Amour de l'Univers.
Sarâla va initier Myriam durant les trois années qui suivent jusqu'au moment ou toutes les deux ayant bien progressées dans cette profondeur spirituelle décident d'y faire entrer Jean. Depuis leur arrivée en Inde, ce dernier se passionne lui aussi pour les mythologies hindoues notamment pour les différents cultes de Shiva et de Parvathî, avec une admiration particulière pour le culte d'Ardhanarishvara.
Dans l'hindouisme, cette représentation moitié Homme / moitié Femme de Shiva serait à l'origine de la création de l'être humain. Les Dieux cherchaient un moyen de créer un être humain duel mais ils ne savaient pas comment s'y prendre. C'est alors que Shiva eu une idée géniale… Il se présenta devant Brahmâ, la moitié gauche du corps constituée d'une part féminine et la moitié droite constituée d'une part masculine. L'idée de Shiva plût beaucoup à Brahma mais ainsi assemblés, il les trouvait trop proche, ça ne pouvait pas provoquer la moindre dualité. À son tour, il eu une idée : grâce à un artifice bien à lui, d'un coup d'épée, il trancha Ardhanarishvara en deux, libérant ainsi les deux moitiés qu'il compléta aussitôt en leur incorporant à chacun son autre moitié en miroir.
L'homme et la femme venaient de naître côte à côte simplement séparés l'un de l'autre par une volonté Divine avec comme devoir de réussir à se relier de nouveau en utilisant leurs volontés propres, sans intention de domination ou de pouvoir, en n'utilisant que de l'Amour inconditionnel.
La Femme serait donc constituée de sa moitié gauche qui lui appartiendrait totalement et d'une moitié droite qui lui serait inconnue… L'Homme, de son côté, serait constitué de sa moitié droite qui lui appartiendrait totalement et d'une moitié gauche qui lui serait également inconnue. Dans l'Union Sacrée du tantrisme, la Femme devrait pouvoir retrouver sa part masculine et l'Homme devrait pouvoir retrouver sa part féminine... Mais en fait, n'est-ce pas plutôt sa part spirituelle que chacun doit retrouver car en se libérant de sa dualité, chacun ne se rapproche t'il pas de sa dimension divine ?
Note d'Isapierre : Sur le plan de la spiritualité, Shiva est associé à Parvathî, la mère de son fils Ganesh. Dans le cadre du tantrisme, il n'est plus question de divinités mais d'Énergies, celle de Shiva est liée à la Matière tandis que celle de Shakti est liée à l'Éther de l'Univers.
Le culte de Shiva et de Shakti étonna beaucoup Jean… Shiva est réputé pour faire souvent de très longues siestes, plus de 100.000 ans parfois. Quand il est dans cet état dormant, il change de nom et devient Shava, à traduire par cadavre ou plutôt sans vie car sans énergie. Mais dès que nécessaire, Shakti vient l'éveiller et lui rend Vie en le touchant de son Amour, réanimant ainsi tous ses pouvoirs masculins grâce à ses énergies féminines.
Grâce à l'aide de ses deux femmes d'un très grand niveau spirituel, Jean découvre qu'il possède en lui les facettes de ces deux divinités et qu'elles lui sont très complémentaires. Il finit par découvrir et à accepter la dimension androgyne de l'homme, étape que tout homme et toute femme désirant entrer dans l'espace fabuleux du Féminin Šacré, doivent totalement traverser afin de continuer encore plus haut...
Les deux Femmes n'ont de cesse de l'encourager à développer son côté Shakti pour faire grandir son côté Shiva. Pour l'aider dans cette découverte du Féminin, il est important que Jean accepte de se réapproprier certaines formes émotionnelles oubliées chez les hommes mais toujours très actives chez les femmes.
S'incliner tendrement au-dessus d'une fleur, en admirer sa beauté tout en restant dans l'humilité, s'en émouvoir infiniment, c'est un comportement féminin très simple mais que les hommes trouvent ridicules pour ne pas dire stupides. Pourtant dans cet état de lâcher-prise, les femmes hument bien plus que la seule délicieuse fragrance de ces fleurs, elles se pénètrent des Énergies de Lumière captées par cette fleur pendant tout son développement. Ainsi l'Énergie de la fleur peut les inonder de l'intérieur et même les soigner. Ce n'est qu'un exemple, mais l'homme doit absolument redevenir capable de vivre les émotions propres à la femme dans le seul but de se transformer en calice pour recevoir les Énergies de l'univers.
C'est un vieux sage qui leur enseigne le Tantra et sur ses conseils, elles décident de mettre en pratique une technique simple, le féminiser, seul moyen susceptible de l'aider à lâcher complètement son ego d'homme trop orienté vers le côté pratique de la vie, vers le matérialisme. Une fois transformé en femme, il est bien plus facile à n'importe quel homme de se comporter comme n'importe quelle femme. Peu à peu, Jean va réussir à percevoir le côté superficiel de ses motivations masculines et va se redécouvrir une sensibilité très proche de celle de la femme.
Au début, c'est par jeu que Jean accepte de se transformer, pour lui, il ne s'agit que de passer le temps. Mais peu à peu, la détermination de Sarâla lui fait comprendre que quelque chose doit réellement se passer en lui. Alors quand Myriam insiste à son tour pour qu'il accepte totalement de vivre ce que Sarâla attend de lui, il comprend que c'est une opportunité qui s'offre à lui.
Dans leur intimité à trois, elles lui apprennent les subtilités du maquillage, l'art de plisser et de porter le sari et une façon de marcher bien plus souple, bien plus féline. Sarâla l'initie en même temps que Myriam aux danses sacrées hindoues, histoire que chacun réussisse à découvrir la part divine qui lui appartient. Enfin, grâce à l'astrologie, elles découvrent son prénom féminin d'origine sanskrit, "Sadgati" qui veut dire "Libération".
Le but de cette féminisation a un sens bien précis, aider Jean à se débarrasser de son ego masculin pour pouvoir transformer son énergie masculine particulièrement dense et épaisse en une énergie toujours masculine mais bien plus légère, une énergie qui peut se marier bien plus facilement à n'importe quelle énergie féminine. Commençant d'abord en se plaçant dans un état méditatif, ce jeu subtil s'élargit en s'ouvrant à une très grande sensualité lors d'ébats amoureux d'une très grande finesse. C'est ainsi que Jean devient un amant spirituel et qu'il est admis dans l'intimité des deux jeunes femmes.
Le transformisme des hommes en femmes n'est absolument pas condamné à cette époque. Les eunuques qui sont attachés aux services des femmes doivent acquérir une apparence et une sensibilité féminine pour que les femmes qui sont placées sous leurs surveillances puissent se sentir à l'aise quoi qu'il se passe à chaque instant de la vie… Le contraire, une femme qui essaierait de se faire passer pour un homme, est puni de mort dans de nombreuses sociétés.
Note d'Isapierre : Partout dans le Monde, des hommes orientés vers l'aide aux autres, ont fait le choix de se transformer dans le seul but de développer une écoute intérieure comparable à celles des femmes. En acquérant une plus grande sensibilité, ces hommes/femmes entrent bien plus facilement en relation avec les éléments de la Nature. Cette transformation se retrouvait dans le comportement de certains druides ou chamans qui passaient des années entières en vivaient en permanence au sein de groupes de femmes, participants aux mêmes tâches quotidiennes et en adoptant tous leurs comportements, même les plus intimes. En développant leur sensibilité féminine, ces hommes/femmes réussissaient à devenir des "guérisseuses" possédant les mêmes capacités d'écoutes que les femmes mais avec une puissance énergétique accrue. Plus rustique, le corps masculin permet de recevoir des énergies de guérisons plus importantes, simplement parce qu'il ne contient pas d'utérus qui risquerait d'être brûlé par ces flux provenant du Cœur de l'Univers.
Au-delà de la différenciation des hommes et des femmes, il y a une notion de créativité qui est fondamentale. C'est parce qu'elle accepte son immense sensibilité que la femme est bien plus réceptive aux Énergies Créatrices de l'Univers que l'homme, ce qui favorisent grandement l'émergence de valeurs artistiques. La créativité dépensée pour réaliser un costume de danse sacrée dans le but de partager des sensations spirituelles avec les spectateurs est immense, bien moindre pour une robe d'une rare sensualité conçue pour faire grandir le désir amoureux chez la femme qui la porte avec ravissement que pour l'homme qui admire la grâce et la légèreté qui se dégage d'elle, de son rayonnement alimenté par l'Amour.
Sans le moindre préjugé, Jean n'hésite plus à se promener vêtu d'un splendide sari de soie prêtée par l'une de ses deux amies. Quand il est seul, il se contente d'une promenade dans le parc ou dans la campagne voisine mais parfois, il peut déambuler dans certaines parties du palais réservées quand il est accompagné par des femmes de l'entourage de Myriam et de Sarâla. Mais dans ses activités quotidiennes à la cour, il reste Jean sans que quiconque ne se permette de lui faire le moindre reproche en quoi que ce soit…
Sarâla et Myriam lui enseignent le Tantra le plus pur. À cette époque, il est encore secret mais plus tard, à cause de personnes qui ont été incapable d'en approcher la véritable puissance, il se répandra partout mais sera très mal interprété. Il perdra rapidement de sa force tout comme le Kamasutra conçu pour augmenter la présence de chaque partenaire et qui dérapera sur de simples règles de pouvoir de séduction…
Cela fait quatre ans que Myriam et Jean sont en Inde et un jour, Sarâla prend la décision de parler à Myriam d'un grand sage hindoue, le Seigneur Siddhârta Gautama. Cela fait cinq siècles que l'immense sagesse de ce prince peu commun se répand de plus en plus largement dans le pays et que beaucoup de personnes en enseignent les préceptes devant les temples. Quelques semaines plus tard, devant l'intérêt de son amie, elle l'emmène visiter le lieu où il aurait connu l'Illumination, sous un immense figuier où des fidèles ont construit un petit autel à sa mémoire.
Voyageant avec une escorte sous la bannière du Radja de Kottayam, Myriam et Sarâla sont reçues avec beaucoup de déférences par les sages qui s'occupent sur place de transmettre les enseignements du Bouddha Gautama. Cet enseignement porte sur quatre vérités qui sont : 1) La Vérité de la Souffrance… 2) La Vérité des Causes de la Souffrance… 3) La Vérité sur l’Extinction de la Souffrance… 4) La Vérité vers l’Extinction de la Souffrance sur la souffrance et sur l'Amour.
Un tel enseignement ravi spontanément les deux femmes qui sont depuis longtemps de ferventes pratiquantes de la méditation transcendantale et qui connaissent et maitrisent de mieux en mieux la puissance de l'écoute intérieure. Progresser dans une telle connaissance peut sembler difficile à une personne seule mais Myriam et Sarâla entament ensemble un travail d'intégration.
Très rapidement, elles finissent par comprendre le concept de l'Illumination qui n'intervient que quand la personne réussit à détacher son mental de toutes les fausses valeurs terrestres et à se relier au Cœur de l'Univers d'où nous venons et où nous devons retourner par le biais de l'illumination.
La Découverte du Cercle Lumière par Myriam...
An 1 // Après la visite sous l'arbre du Bouddha, Myriam et Sarâla rentrent à Kottayam. Sur les conseils des grands sages rencontrés là-bas, elles décident de créer un cercle de méditation avec quelques femmes du palais choisies pour leurs valeurs spirituelles. Dans ces milieux de femmes qui vivent recluses par la force des choses, les cercles de méditation sont une manière comme une autre de passer le temps et la paix qu'une telle pratique leurs procure leurs permettent de mieux accepter leurs vies presque de captives…
Certaines de ces Femmes pratiquent de nombreuses danses, qu'elles soient de divertissement où à caractère sacrée. Dans les deux cas, c'est un apprentissage qui leurs demandent beaucoup de travail de concentration. Une méditation avant et après chaque cours ou manifestation les aide à se détendre car les chorégraphies sont très longues et très compliquées, parfois plus de deux heures consécutives.
Le cercle de méditation que Myriam et Sarâla veulent créer diffère par le fait qu'elles souhaitent l'intégrer à une profonde pratique spirituelle commune à toutes les femmes présentes. Pour chaque participante, Dévi, la grande Déesse-Mère de l'Univers, doit en être le Cœur et surtout l'unique Puissance appelée.
Pour plus de discrétion, elles ont décidé de ne pratiquer cette méditation que dans le petit palais que Myriam et Jean occupent… En tant que visiteurs étrangers, ils sont tenus à l'écart des grands bâtiments de la Cour et ne sont pas soumis aux mêmes règles de vies. Cela fait longtemps que Sarâla a reçu l'autorisation de s'y installer avec eux car le Radja préfère la voir le moins souvent possible dans le palais et ses dépendances principales.
En d'autres lieux, Jean ne pourrait accéder à ces cercles de femmes puisqu'ils ont lieue dans des locaux qui ne lui sont pas accessibles même s'il est travesti en Sadgati. Mais dans ce petit palais, il est connu et très apprécié par toutes les femmes qui ont été invitées à participer à cette méditation chez Myriam. Très naturellement, il est invité à y participer une première fois. Ce soir là, la méditation se déroule très différemment. Tous les quatre ressentent une puissance spirituelle exceptionnelle à laquelle les femmes n'étaient pas habituées. L'Énergie dégagée est très différente, bien plus puissante, et peu à peu, par recoupement, Myriam se rend compte que la présence de Jean semble en être la cause…
Pour les méditations qui suivent, Myriam et Sarâla font très attention à ce qui se passe et elles finissent par se rendre compte qu'en fonction du nombre de femmes, avec ou sans la présence de Jean, la qualité de la méditation varie beaucoup. Peu à peu, Myriam finit par développer des règles précises pour optimiser un cercle capable de générer une Énergie d'Amour fabuleuse, une Énergie qui peut être largement renvoyée vers des personnes qui en ont besoin notamment pour la guérison physique. De son côté, Sarâla va se rendre compte que l'importance de la guérison dépend essentiellement du degré de confiance de chaque personne malade et aussi de sa volonté personnelle à faire progresser son niveau de conscience.
Parce qu'il permet d'attirer la Lumière du Cœur de l'Univers,
Sarâla et Myriam lui donneront le nom de Cercle Lumière…
Syrus, le père de Myriam, revient souvent en Inde avec l'une ou l'autre de ses caravanes et à chaque fois, il ne manque pas de séjourner quelques semaines au Palais. De plus, ses activités commerciales l'obligent à parcourir le pays à la recherche de nouvelles marchandises à acquérir mais aussi pour vendre ce qu'il a ramené de différents pays de la Méditerranée.
Bien sûr, il leurs transmet les dernières nouvelles en provenance de Cana pour ce qui concerne la famille et leurs proches, de toute la Palestine pour le reste. Il ne manque jamais de s'entretenir pendant de longues heures avec les trois amis sur les dernières nouveautés scientifiques et philosophiques débattues à Pergame et ailleurs où il se rend le plus souvent possible. En même temps, ces moments d'échanges lui permettent de vérifier le niveau de progression de ses trois étudiants assez particulier.
Pendant son séjour, Myriam s'étonne de ne le voir que trop rarement et, chose surprenante, elle ne sait même pas où il réside. Chaque fois qu'elle souhaite le rencontrer, elle doit lui envoyer un message par un des serviteurs du palais et dès qu'il a un petit moment à leurs consacrer, elle le voit apparaitre de nulle part. De temps en temps, elle le retrouve dans un des grands salons du palais en train de discuter avec le Radja ou avec ses conseillers ou parfois avec une personnalité bien en vue.
Du fait de ses connaissances de plus en plus élevées, Myriam a été invité par le Radja à siéger dans son conseil. Elle y participe souvent plusieurs fois par semaine en compagnie d'une très belle femme plus âgée qu'elle et qui s'appelle May. Sa curiosité grandissante, elle finit par interroger certains serviteurs et peu à peu, elle apprend que May est la sœur ainée du Radja et qu'elle bénéficie d'une très grande estime de la part de ce dernier. Il a une immense confiance en elle et à l'évidence, elle doit bien la lui rendre. Myriam regrette que Sarâla ne participe plus à ce conseil mais entre elles, elles partagent tous les secrets du palais et de la politique du Radja.
Dans leurs échanges quasi-journaliers, Myriam reçoit souvent de son amie des conseils qui s'avèrent être pertinents et qui lui sont souvent très utiles. À ce conseil, May et Myriam sont les seules femmes face à une armada d'hommes mais leurs interventions sont toujours écoutées avec un profond respect. Des réformes en faveurs des plus démunis, surtout les femmes et les enfants, sont parfois décidées sur leurs interventions mais les applications pratiques ne sont pas toujours aisées à mettre en place. Les freins, en dehors du palais, sont énormes et nuisent principalement aux êtres les plus fragiles et les plus déshérités de la société indienne.
A son tour, Syrus, le père de Myriam disparait…
An 7 // Mais lors d'un de ses séjours au palais, Syrus père meurt à son tour presque de la même manière que le grand-père mais alors qu'il n'avait que 59 ans… Pour Myriam comme pour Jean, c'est un nouveau coup dur. Leurs chagrins sont immenses et Sarâla n'y est pas insensible.
Selon ses propres volontés, le Radja organise la crémation du corps selon les rites hindous avec un luxe réservé à une très grande personnalité. Les cérémonies vont durer sept jours… Myriam ignorait que son père était tant aimé et tant estimé par les personnalités de ce pays.
Au lendemain de cette semaine de deuil, May vient trouver Myriam... Elle en est très étonnée car c'est la première fois que May lui rend visite. Jusqu'à maintenant, les deux femmes ne se sont jamais vraiment parlé en particulier, juste quelques échanges en sortant du conseil ou lors de soirées au palais. May était toujours restée très distante et à la cour, on ne l'apercevait que très rarement et toujours seule… Néanmoins, Myriam l'avait aperçu plusieurs fois alors qu'elle se promenait longuement dans les allées et, quand il était là, souvent en compagnie de son père.
Avec beaucoup d'émotions, May apprend à Myriam qu'elle est la sœur ainée du Radja, ce que Myriam savait déjà mais que ça fait 31 ans qu'elle est l'épouse de son père bien qu'elle sache que ce dernier était déjà marié en Palestine. Elle lui apprend qu'elle a donné la vie à trois filles dont l'aînée n'est qu'autre que Sarâla… Ses deux autres filles ne sont que trop rarement à Kottayam car elles se sont mariées très jeunes à des hommes de la haute société indienne. De plus, elles vivent dans des contrées assez éloignées, ce qui fait qu'elles ne viennent au palais que deux ou trois fois par an lors de festivités.
Myriam les connait bien car Sarâla avait tenu à les faire participer plusieurs fois à leur Cercle Lumière. Mais May lui explique pourquoi elles ne lui ont jamais rien dit sur leur origine familiale car elles avaient reçues pour consigne de rester extrêmement discrètes et elles avaient toutes les trois tenues parole.
Myriam devrait se sentir trahie par le comportement de son père mais ce n'est absolument pas le cas, bien au contraire… May est une femme tellement rayonnante qu'elle comprend tout à fait l'amour que son père a forcément dû éprouver pour elle. Sa mère à elle ne s'est jamais intéressée à autre chose qu'à la gestion de sa grande maison alors que May est une femme qui possède une profondeur de Cœur très rare.
Myriam ne peut que l'aimer davantage et d'un même mouvement, les deux se relèvent et s'étreignent longuement… Puis May reprend ses explications et raconte à Myriam comment son père et elle-même ont transmis toutes leurs connaissances à Sarâla qui a pût bénéficier en plus des enseignements des plus grands sages du royaume…
D'un seul coup, Myriam réalise que Sarâla et ses deux sœurs sont toutes les trois ses demi-sœurs. Alors qu'une joie immense l'envahit, c'est le moment que choisit Sarâla pour pénétrer dans la pièce. Elle semble plutôt confuse de ne pas lui avoir dit la vérité depuis le début mais pouvait-elle dire à celle qui était devenue sa meilleure amie qu'en fait, elles étaient sœurs…
Elles sont trois désormais à s'étreindre, trois femmes qui suivent depuis des années le même destin et qui en prennent conscience à l'instant. Myriam avait toujours été très étonnée de sa profonde complicité, que ce soit avec May au conseil, ou dans sa vie de tous les jours avec Sarâla. Elle se souvient des nombreuses fois où elle avait songé qu'il ne leurs manquait qu'un lien du sang…
Jean, informé peu après, ne s'en étonne même pas car il avait déjà pressentit une telle possibilité mais sans trop y croire. Ce soir-là, ensemble, plus unis que jamais, en compagnie de May, ils font le serment de garder cette filiation secrète. Jamais ils n'en parleront à quiconque. La majorité des personnes serait incapable de comprendre et ne ferait que s'en indigner et condamner Syrus et ses filles.
Pour Myriam comme pour Sarâla, cette révélation leur apporte un réel bien-être et une immense sérénité… Ce lien du sang brise la frontière de la race mais pas seulement. Elles vont découvrir dans les mois qui suivent qu'elles peuvent communiquer par télépathie. Peu à peu, leur complicité continue de grandir et devient comparable à celles de deux jumelles dont elles ne se priveront pas de s'en servir pendant toutes leurs vies…
Mais les réalités sociales et politiques les rappellent à l'ordre… Cela fait plus de dix ans que Myriam et Jean se trouvent en Inde, très loin de leurs familles qu'ils n'ont jamais revues. Il faut bien penser à elles… Le père de Myriam disparut, elle devient l'héritière et doit prendre la relève.
En plus grave, avec Jean, non seulement ils n'ont plus de raison de rester mais ils risquent désormais de voir leurs libertés respectives se restreindre grandement. S'ils veulent rester dans ce pays, ils devront faire des choix de vie qui ne leurs disent absolument rien. Il y a de plus en plus de prétendants qui tournent autour de Myriam et de plus en plus de prétendantes qui souhaitent épouser Jean.
De son côté, Sarâla fait l'objet d'un rejet de plus en plus fort et elle commence même à craindre pour sa propre vie. Pour certains, dès qu'un malheur les touche, c'est parce qu'elle a forcément le mauvais œil…
En total accord avec sa mère, elle décide de partir vivre en Palestine avec Jean et Myriam. Sarâla croit qu'elle ne reverra sans doute jamais sa mère et ses sœurs mais au moment du départ, May lui avoue qu'elle sait, depuis l'arrivée de Myriam il y a dix ans de cela, qu'un destin très fort l'attend en Palestine. Dès que tout sera en place, elle viendra la rejoindre pour l'aider et l'accompagner dans cette voie que les astrologues qu'elle côtoie régulièrement commencent à percevoir de plus en plus clairement…
Le Retour en Palestine…
An 8 // La dernière caravane s'est partagée en deux groupes pour permettre au premier formé de Myriam, de Jean et de quelques serviteurs qui ont choisis de les suivre de partir très rapidement. Ils emportent avec eux l'ossuaire qui contient les cendres du corps de Cyrus. Le deuxième groupe partira quelques jours plus tard, le temps que Sarâla regroupe tous ce qu'elle souhaite emmener avec elle, notamment son laboratoire de plantes médicinales, un stock très conséquent d'herbes et de plantes séchées ainsi que des essences de toutes les espèces. May lui confie de nombreux objets sacrés qui devraient lui être utiles pour continuer ses recherches et découvertes.
Le premier groupe n'ayant que très peu de marchandises a choisi d'utiliser l'une des deux birèmes de combat. Cette décision leur permettra d'effectuer la traversée du golfe persique très rapidement. Dès Bacra, une petite caravane sans charges importantes les emmènera rapidement en Palestine.
Myriam n'a que 29 ans quand elle reprend la succession de son père. C'est presqu'une obligation puisque aucune de ses sept sœurs n'a la moindre capacité pour cela. Pour l'aider dans ce travail colossal, elle nomme Jean intendant du domaine car sa compétence dans ce domaine ne fait plus aucun doute, n'a-t-il pas reçu une excellente formation auprès du Radja de Kottayam…
Sarâla n'arrivera que deux mois plus tard avec le reste de la caravane qui transporte, en plus des marchandises habituelles, tout son atelier de plantes, ses effets personnels ainsi que ceux que Myriam et Jean n'avaient pu emmener avec eux. En plus de leurs vêtements, elle a amené de nombreux meubles en bois précieux et tous les objets sacrés qu'elle possédait ainsi que ceux que sa mère et des amis lui ont offerts avant de partir. Elle a également reçu de nombreux cadeaux de la part de ses connaissances dans les milieux artistiques et spirituels. C'est un véritable déménagement qui peut paraître aussi inutile qu'exagéré mais par la suite tous ces objets s'avéreront très utiles.
En Palestine, son prénom Sarâla est totalement inconnu ce qui fait qu'il est sans arrêt modifié en celui bien plus populaire de Sarah. Au bout de quelques mois, lassée de corriger chaque fois son prénom, Sarâla se laissera appeler Sarah d'où les nombreuses confusions qui surviendront plus tard…
A cette époque, il n'existe pas encore de différenciation entre l'Astrologie et la Tarologie. L'un ne peut s'apprendre sans l'autre, ces deux sciences sont imbriquées l'une dans l'autre comme les doigts des deux mains. Les écoles qui les enseignent voient grandir leurs réputations dès que leurs élèves ont la possibilité de voyager d'une école à une autre pour enrichir leurs connaissances lors de partages qui ne peuvent qu'être très instructif pour ne pas dire très constructifs…
C'est là que la notion de voyage initiatique commence à prendre vraiment tout son sens... Rencontrer d'autres érudits, y trouver un enrichissement supplémentaire et parfois y recevoir une initiation précise permet à une personne de revenir à son école bien plus rayonnante qu'avant… Mais cela ne marche que si aucune personne ne cherche jamais à s'attribuer tel ou tel savoir ni à prétendre détenir la vérité… Dans ces deux sciences toutes les deux en pleins développement, tout n'est que vibrations sauf la notion de vérité qui va à contre-sens et qui ne mène à rien d'autre qu'à l'immobilisme et à l'autosatisfaction de celui qui prétend la connaitre.
Sarâla fait partie de ces chercheurs qui veulent vraiment progresser dans les Croixs les plus secrètes et les plus cachées de l'être humain et de l'Univers. Myriam a les mêmes ambitions qu'elle et elle comprend qu'elle doit enclencher le pas derrière sa demi-sœur sans aucune limitation, avec une volonté infaillible. Les premiers souhaits de Sarâla sont d'aller étudier dans les plus grands centres philosophiques et notamment à la grande bibliothèque d'Alexandrie dont leur père, Syrus, leur a si souvent parlé…
Autour de l'an - 340, Alexandre-le-Grand prit la décision de créer un savoir universel. C'est dans ce but qu'il décida de construire l'immense bibliothèque d'Alexandrie, tâche qui fut entreprise par son général Lagide qui devint ensuite le premier pharaon de la lignée des Ptolémée. Cela en dit long sur la qualité des échanges culturels de cette époque qui pouvaient avoir lieu depuis la Chine occidentale jusqu'à l'autre extrémité du bassin méditerranéen…
Aujourd'hui, nous connaissons de nombreuses formes d'Astrologie et plusieurs Tarots, mais il n'y a pas beaucoup de possibilités de partages, ce ne sont que des échanges, des trocs où chacun s'arroge la conviction profonde de détenir seul la vérité, les connaissances des autres ne pouvant qu'en être des approximations erronées…
À Cana, Myriam reprend très vite en main les intérêts de la famille. Les pressions sociales et religieuses sont telles que Jean ne peut prétendre à aucune autre place sociale que celle d'un employé de Myriam. En aucun cas, ils ne pourraient se marier et fonder une famille ensemble. Myriam n'est autorisée à voir Jean que comme un ami fidèle bien que dans leur intimité, ils soient toujours amants.
Jean est quand même considéré comme étant le maître du domaine puisque Syrus l'avait adopté. Il faut reconnaitre que la vie entière de la maisonnée repose sur son autorité et sur ses solides épaules et que de son côté, il souhaite vraiment rester digne de la confiance qui lui a été accordé par tous. En plus de Myriam et de Sarâla, Jean a aussi la responsabilité de veiller sur toutes les femmes de la maisonnée, la mère de Myriam ayant donné naissance à 7 autres filles dont la dernière, Débora, n'a que trois ans, 26 ans de moins que sa sœur ainée...
Myriam aimerait bien avoir des enfants mais elle n'essaye même pas de se trouver un mari, aucun homme n'est capable de l'apprécier à sa vraie valeur à cause des convictions de l'époque qui sont qu'une femme ayant autant de connaissances ne peut certainement pas faire une bonne épouse dévouée, fidèle et surtout soumise à la loi de son mari. Si elle se mariait, certainement elle devrait abandonner ses études et cela est totalement impensable pour elle comme pour Jean, comme d'ailleurs pour Sarâla.
Les écoles philosophiques lui envoient souvent des groupes composés d'un professeur et de quelques élèves. Venant parfois de très loin, ils restent quelques semaines à partager avec elle, ainsi qu'avec Sarâla et Jean, sur toutes les sciences de la Terre et de l'Univers et parfois quand c'est nécessaire sur le Tarot. Les discussions durent parfois des nuits entières et donnent une animation très riche à l'ensemble de sa grande maison, sans que cela ne choque le voisinage d'aucune façon. Connue pour sa très grande générosité, personne n'oserait apporter un jugement quel qu'il soit sur la manière de vivre de Myriam.
Quant à Sarâla, sa réputation grandit tellement vite qu'elle est très vite considérée comme étant au niveau des plus grands maîtres. Elle est souvent sollicitée par des visiteurs qui souhaiteraient l'entendre leurs donner des indications sur des évènements précis où sur ce qu'ils doivent décider comme nouveau choix de vie. Mais même si, à l'évidence, elle bénéficie de dons particuliers pour le Tarot et pour les Astres, elle n'a pas du tout envie de se limiter à ses seules connaissances déjà acquises et bien intégrées en elle. Les autres sciences ne l'intéressent pas vraiment ce qui fait qu'elle ne participe à certaines de ces réunions que d'une façon assez sporadique, en fonction de l'intérêt des visiteurs…
L'Appel du Divin auprès de Sarâla…
An 10 // Cela fait plus de deux ans que Sarâla est arrivée en Palestine et elle est déjà partie trois fois à Alexandrie. Elle a aussi lié connaissance avec des amis du milieu phénicien de Myriam et elle se rend souvent à cheval avec une petite escorte à Tyr. Pour rester discrète dans une société où la misogynie, sous influence grecque, ne fait que grimper, elle préfère adopter une tenue de cavalier, dissimule sa chevelure et cache son beau visage derrière un keffieh. Sur place, elle loge dans une petite demeure qui appartient à Myriam et qui se trouve dans le cœur de la presqu'île, dans le quartier élitiste de cette très vieille cité phénicienne. Là, elle retrouve toute sa féminité.
Sarâla a été élevée dans le culte de l'hindouisme et sa mère lui a appris à vénérer profondément Dévi, la Grande Déesse de l'Univers et ses quatre principales manifestations que sont les Déesses Durga, Sarasvatî, Lakshmi et Kalî. Mais ici, aucun culte ne leur est rendu. Pour Sarâla, tous les cultes proviennent de la même Source et elle souhaite découvrir ceux qui sont pratiqués autour du bassin méditerranéen. Parmi les amis de Myriam qui résident à Tyr et dans la région, il y a de nombreuses personnes qui sont engagées dans le culte de Baal et de sa parèdre Ashtart, culte qui présente énormément de points communs avec le culte hindou de Shiva et de sa parèdre Shakti auquel elle a été éduqué.
Ici à Tyr, elle a la possibilité de participer régulièrement à des rituels religieux très proches de ceux qu'elle pratiquait en tant que danseuse de Kalî… Ashtart a des côtés tout aussi terrifiants que cette dernière dans le seul but de provoquer des réactions salvatrices chez les personnes qui auraient besoin de travailler sur leurs peurs et sur leurs angoisses.
Mais un soir, il se passe quelque chose de très fort… Une énorme amphore servant de lampe à huile se brise sans que personne ne l'ait touchée et son contenu se répand rapidement sur le sol en s'embrasant spontanément…
Du fait de la déclivité des marches, cette vague de feu liquide se dirige sur le côté de la pièce où se tient justement Sarâla, l'emprisonnant dans un arc de feu très menaçant… D'abord saisit d'une terrible frayeur, en une fraction de seconde elle se reprend, fait le calme en elle et implore Dévi de lui venir en aide… ELLE l'entend certainement puisque le feu s'éteint spontanément à moins d'un mètre de Sarâla…
Toutes les personnes présentes sont totalement médusées devant ce phénomène… Pourtant, l'huile continue de se répandre mais disparaît rapidement par quelques fissures au sol. Une épaisse fumée les fait tousser mais elle est rapidement évacuée par la grande porte qui vient d'être ouverte pour la circonstance.
Alors que tous sont dehors pour respirer de l'air frais, Sarâla est restée à sa place totalement immobile, totalement à l'écoute… ELLE lui parle… Mais qui lui parle ? Sarâla énumère dans sa tête tous les noms des Divinités qu'elle connait en commençant par les Déesses, sans réponse, puis en continuant par ceux des Dieux, sans réponse non plus… Elle ne ressent aucune vibration particulière…
A bout de ressources, Sarâla lui demande quel est Son nom et de nouveau elle n'obtient aucune réponse. Elle lui demande alors si Elle possède un nom et une vibration très puissante lui arrive qu'elle ne peut comprendre que comme étant une négation. Et soudain, Sarâla entend :
Je suis Celle qui n'a pas de Nom…
Ce temple est assez petit et Sarâla, intuitivement, décide de se rapprocher de l'autel placé au centre de la pièce et sur lequel sont placés de nombreux symboles religieux. Pendant plus d'une heure, ELLE va lui parler et lui donner des secrets sur l'existence des êtres humains et sur la dimension cosmique qui régit leurs raisons d'exister, sur la conscience individuelle que chacun doit faire grandir avant de se fondre dans la Conscience de l'Univers… ELLE l'appelle "Ma Fille" et lui donne de nombreuses instructions sur ce qu'elle doit désormais faire, œuvrer dans le domaine de la conscience humaine pour sortir le peuple de sa léthargie afin de leur redonner plus de liberté…
Un fléau terrible a pris le dessus. De l'Inde à l'Égypte, les diverses sociétés qui composent cet espace ont fini par se cloisonner en diverses corporations qui ont toutes des règles extrêmement sévères… Essayer de sortir de l'une d'elle est puni de mort et les sentences sont exécutées sans la moindre émotion. Un enfant né de l'union d'une femme et d'un homme de deux corporations différentes peut être sacrifié car considéré comme étant forcément impur tandis que ses deux parents peuvent être mis à mort ou réduits en esclavage…
Le plus grave est que dans chaque société, plusieurs ordres coexistent, les religieux, les politiques et les militaires. Ces trois ordres ont des pouvoirs équivalents et chacun d'eux agit comme il croit devoir le faire pour le bien de la société en fonction de ses convictions profondes. Le système n'est même plus central, il est au-dessus de tout pouvoir, le roi en place peut être condamné comme chacun de ses sujets. C'est Alexandre-le-Grand en voulant sécuriser les sociétés des pays qu'il a conquis qui est responsable de cet archaïsme épouvantable.
Mais ELLE veut que cela cesse…
ELLE veut que Sarâla agisse de manière à ce que ces frontières créées par les hommes se dissolvent d'elles-mêmes… ELLE veut créer un évènement suffisamment puissant pour que Son Amour soit enfin perçu et que les chaînes qui immobilisent ces peuplent finissent par se briser d'elles-mêmes…
Sarâla l'écoute et comprend le sens de Son intervention… Alors, après un moment de grand calme et de profondes réflexions, elle accepte de servir Son dessein et l'assure de sa plus totale vénération…
Quand le calme revient dans la pièce, ses amis qui étaient restés dehors dans la cour, sans bouger et sans faire le moindre bruit, se risquent à pénétrer dans le temple et à s'approcher de Sarâla. Elle est dans un état de transe profond, rayonnante mais totalement absente, sans la moindre force. Les Énergies qui l'ont traversée sont d'une telle puissance que son corps est en état de choc. Ses amis décident de la rapatrier de toutes urgences à Cana. Ses serviteurs se chargent de la ramener dès le soir même pour que Myriam puisse s'occuper d'elle dans la plus grande douceur qui soit possible.
Le Début de l'Aventure…
An 11 // Sarâla a tout dit à Myriam, sans omettre le moindre détail mais ni l'une ni l'autre ne savent comment elles vont pouvoir agir. ELLE lui a dit que Myriam était tout aussi concernée qu'elle par ce projet divin et qu'elle y aurait une place prépondérante. De plus, ELLE l'a assuré qu'ELLE serait toujours à leurs côtés pour les guider et pour les soutenir…
Jean a été mis dans la confidence… En attendant, le travail de Sarâla est de trouver le moyen de se relier à des dimensions divines du plus haut niveau qui soit. Elle doit repartir à la recherche de certains secrets forcément dissimulés aux profanes et Alexandrie lui semble être le lieu où elle aura le plus de chance de les retrouver.
Les deux femmes décident d'agir séparément. Sarâla doit se concentrer entièrement à ce travail spirituel tandis que Myriam doit veiller aux intérêts de tous en continuant le commerce que son père et son grand-père faisaient avec l'Inde et avec de nombreuses villes du bassin Méditerranéen. En plus des cinq bateaux et des deux birèmes qui naviguent entre le golfe persique et l'Inde occidentale, elle dispose sur la Méditerranée d'une flotte bien plus conséquente composée de vingt-quatre bateaux protégés par six birèmes de combats. La règle, pour tous les commerçants phéniciens, était de faire naviguer ensemble trois ou quatre navires marchands en les faisant toujours accompagné par un bateau de combat rapide pour les protéger des pirates souvent à la solde d'un pays hostile.
Pour ces déplacements rapides, Syrus s'était fait construire une trirème de plus de 100 rames équipée d'une imposante voilure afin de pouvoir rejoindre tous les ports de la méditerranée en très peu de temps. Il était très fier de ce bateau particulièrement rapide y compris sous ses trois voiles et qui lui permettait d'éviter tous les pièges de la mer. Myriam le fit améliorer et elle sélectionna un équipage polyvalent, particulièrement compétent et polyvalent. Les rameurs devaient être capables de se transformer en fantassins et pour cela, ils étaient tous formés aux métiers des armes. Elle réserva ce navire à leurs seuls déplacements personnels, le retirant de toutes missions d'accompagnement…
Grâce à ce magnifique navire, Sarâla, parfois accompagnée de Jean ou de Myriam, peut parcourir toute la Méditerranée. Mais c'est souvent seule, avec un équipage de toute confiance qui lui voue une profonde admiration, qu'elle va s'absenter plusieurs semaines ou plusieurs mois pour voyager à Constantinople, ou à Pergame en passant le plus souvent possible par Alexandrie où elle est de mieux en mieux connue et surtout reconnue, y compris par les autorités romaines actuellement en place. L'équipement spécifique de la galère et l'expérience de ses hommes, rameurs, serviteurs et soldats, font qu'elle peut s'aventurer assez loin à l'intérieur des terres pour rejoindre des villes importantes. Quand il faut quitter l'eau, ses marins se transforment volontiers en fantassins, porteurs et sont mêmes d'excellents cavaliers ou chameliers.
Jean, selon les moments de l'année et selon le cours des récoltes, l'accompagne dès que cela lui est possible mais il n'est pas aussi disponible qu'il le voudrait. De son côté, Myriam continue de recevoir toujours autant de visiteurs et elle apprécie que Jean soit présent à ses côtés, surtout quand elle reçoit des hôtes de marques. Pour éviter tout quiproquo, il participe à ces soirées de façon la plus discrète qui soit, officiellement en tant qu'intendant du domaine et d'homme de confiance chargé de veiller à la sécurité de Myriam. Sa présence rassure beaucoup Myriam et les échanges intellectuels et spirituels qui s'ensuivent dans leur intimité les satisfont grandement tous les deux.
Peu à peu, Sarâla est devenue la maîtresse spirituelle du domaine. Elle n'a aucune tâche particulière dans l'organisation de la maison de Myriam. Cela lui permet de consacrer tout son temps à ses études qu'elle continue sans la moindre relâche. Sa présence, quand elle ne voyage pas, est particulièrement appréciée car elle apporte une aide incomparable à Myriam en lui rendant la vie bien plus simple et bien plus agréable aussi, sagesse orientale oblige. Le calme qu'elle amène avec elle donne spontanément une grande sérénité à tous, y compris aux plus excités…
Grâce à sa culture très étendue, Sarâla permet à Myriam de rester en connexion profonde avec l'Inde car elle sait parfaitement agrémenter le quotidien de diverses manières très simples pour elle… Elle continue de chanter et de danser les danses sacrées de son pays, toujours dans la plus pure tradition hindoue et elle apporte un divertissement bien perçu dans la vie assez austère de cette époque. Cette présence artistique et spirituelle permet à Myriam de vivre heureuse malgré la solitude personnelle qui lui pèse de plus en plus malgré la proximité de Jean, un véritable frère mais qui ne peut être l'homme de sa Vie.
En effet, ces deux femmes n'ont aucun enfant mais heureusement pour la vie de la maison, les sœurs déjà mariées de Myriam forment une véritable tribu. Parmi celles qui sont mariées, plusieurs habitent dans des maisons construites dans l'enceinte même de la propriété.
Depuis que la Déesse-Mère l'a informé de son destin, Sarâla a fait le choix délibéré de favoriser sa vie spirituelle au détriment de sa vie personnelle de femme… Elle a totalement renoncé à avoir des enfants et pour ce faire, elle utilise toutes ses connaissances de la sexualité sacrée qui ont d'ailleurs énormément progressées grâce à l'aide non négligeable de Jean et de Myriam, toujours ses partenaires.
Myriam a toujours fréquenté la noblesse de Jérusalem dont elle fait partie et l'une de ses meilleures amies est Jeanne, l'épouse de Chuza, l'intendant d'Hérode avec qui Jean sympathise et qui devient ami malgré leurs différences sociales. Ils sont tous les deux intendants mais Chuza est à un niveau bien plus élevé que Jean parce qu'il est le fils naturel d'un des plus grands chefs religieux de Jérusalem. Son père était très connu pour ses adultères à répétitions avec des veuves d'un niveau social très confortable, ce qui était le cas de sa mère d'ailleurs...
De son côté, Jeanne est la dernière et onzième enfant d'une des familles les plus élevées de Jérusalem, son père étant juge ici même. Mais du fait de sa onzième position, elle ne pouvait prétendre qu'à un mariage de moindre niveau. Pour elle, son père ne lui a proposé que Chuza mais comme elle en est tombée amoureuse au premier regard, elle en a été profondément heureuse et elle l'aimera durant toute sa vie.
Par Jeanne, Myriam fait également la connaissance de Claudia, l'épouse du légat romain Ponce-Pilate, un homme sympathique mais facilement colérique. Elle fera également la connaissance de la première épouse d'Hérode, Phasaelis, qui vient d'être répudiée par ce dernier car elle ne peut lui donner un enfant… Phasaelis étant une femme d'une grande valeur, Hérode ne l'a pas renvoyé chez elle et il lui a attribué un logement confortable avec un personnel adéquat. Ainsi Phasaelis est toujours disponible quand il souhaite s'entretenir avec elle dans sa grande demeure car il apprécie énormément son immense sagesse. Sa nouvelle épouse n'a rien de tout cela et étant terriblement jalouse, elle n'apprécie vraiment pas la présence de cette Femme qu'elle considère comme une concurrente très dangereuse.
Fin du Livret 2/6
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