Révélations sur la Vie extraordinaire de Myriam de Magdala,
celle de sa demi-sœur indienne Sarâla
et sur l'Aventure étonnante de Yeshoua puis de Maximin

La Résurrection de Yeshoua dans la Lumière… 5/6

An 33 // Le vendredi de la Pâque, aucune femme n'avait été autorisée à approcher le corps de Yeshoua et encore moins à le toucher. Les prêtres avaient ordonnés la fermeture du tombeau et avaient veillé à ce que les rituels religieux juifs soient respectés jusqu'à la dernière minute. Myriam et Sarâla, n'étant pas au Golgotha, ignoraient que son corps avait été déposé dans ce caveau prêté par un ami de Nicodème. Elles ne l'avaient appris que le lendemain mais à cause du sabbat, de toutes manières, personne ne pouvait agir.

Le samedi se passa au calme, personne n'étant autorisé à travailler ce jour-là. Mais dans les dédales de pièces chez Chuza, l'activité des Cercles Lumière ne faiblit pas, il y a toujours huit groupes de sept femmes et un homme en pleine méditation tandis que quatre autres groupe se reposent grâce à un personnel de maison très nombreux, des masseurs mais surtout, une armada de thérapeutes venus avec Philon ainsi que des femmes exceptionnelles comme Néthi, Divine Adoratrice de Karnak, Anne la mère de Marie et May, la mère de Sarâla.

Pour l'ensemble des personnes, ce qui se passe reste incompréhensible et les explications qui sont données surprennent la grande majorité. Comment peut-on comprendre qu'une personne puisse provoquer une révolution spirituelle en acceptant de mettre un terme à son incarnation présente !!!

Mais la confiance que toutes les femmes présentes ainsi que tous les hommes est telle que l'ensemble des participants ont préféré se contenter d'agir plutôt que de chercher à comprendre.

Le dimanche matin, vers six heures du matin, un groupe de femmes composé de Myriam, Jeanne, Phasaelis, Marie de Béthanie, Débora, Judith, Sarâla quittent comme cela avait été prévu, la demeure de Chuza. Elles se rendent au tombeau pour procéder à l'embaumement du corps mais aussi pour méditer et prier dans le tombeau en s'efforçant de se relier avec les huit Cercles Lumière toujours en activité pour encore quatre heures. Jean et Judas les accompagnent car il y a la lourde pierre à rouler et c'est une action assez physique qui peut être d'ailleurs assez dangereuse…

A leurs arrivées, les gardes les reconnaissent, s'effacent et les laissent passer enfin soulagés. Ils ont été postés à la demande d'Hérode-Antipas qui voulait être sûr que personne n'intervienne sur le corps de Yeshoua pendant le Sabbat. L'arrivée de ces femmes un terme à leur surveillance et sans attendre, ils prennent le chemin de leur caserne, leur mission étant terminée. Judas et Jean font rapidement rouler la lourde pierre et une fois cette tâche effectuée, tous les deux reculent et se mettent légèrement à l'écart pour laisser les femmes faire le travail pour lequel elles sont venues, l'embaumement. Elles ont apporté tout ce qui fallait pour nettoyer le corps et pour procéder aux rites funéraires selon les coutumes juives mais en laissant toutes initiatives à Myriam et à Sarâla.

Myriam est la première à entrer…

C'est à elle et à elle seule qu'incombe le droit de toucher le corps de Yeshoua, n'était t'il pas son compagnon. Il est tout à fait normal qu'elle souhaite se recueillir contre lui, en totale intimité. Mais prise d'une réelle panique, au dernier moment elle demande à Sarâla de l'accompagner, elle craint de ne pas être à la hauteur et d'avoir des épanchements émotionnels très violents. Heureusement qu'elle n'a rien vu des conséquences de la flagellation et de la crucifixion…

Elles n'ont pas pensé à prendre des torches et comme le soleil n'est pas encore levé, la pénombre qui règne dans le caveau ne permet pas à Myriam de voir nettement le corps de Yeshoua déposé tardivement vendredi soir au fond du caveau sur la grande table en granit. Son corps a été posé sur un grand drap de lin suffisamment long pour qu'il puisse être rabattu sur lui. Délicatement, les deux femmes commencent à le rouler depuis le bas découvrant peu à peu le corps de Yeshoua, les sévices et les plaies qui lui ont été infligées par les soldats romains.

Sarâla est la première à poser sa main sur son buste, Myriam en faisant de même sur son front… d'un même mouvement, toutes les deux se regardent droit dans les yeux, le corps de Yeshoua est chaud… peut-être est-il encore en vie !!! En parfaite thérapeute, Sarâla s'empare d'un de ses bras et en tâte les pouls… Sans le moindre doute, elle sent battre son cœur ainsi que les énergies vitales et elle n'a qu'un petit signe de la tête à faire pour que Myriam comprenne : Yeshoua vit encore mais pour combien de temps…

Myriam est une femme de tête et au lieu de se précipiter dehors, elle analyse d'abord les conséquences de la survivance de Yeshoua. Si Ponce-Pilate l'apprend, il ordonnera qu'il soit passé au fil de l'épée… Il faut donc enlever le corps et l'emmener en un lieu où elles pourront le soigner et peut-être le sauver. Mais dehors, rien ne doit filtrer. Aussi, elle ressort pour demander à Jean et à Judas de venir les aider.

C'est à ce moment qu'elle voit une très belle femme approcher du caveau avec une rare assurance, il est rare de voir une femme se promener seule à des heures aussi matinales. Sa démarche est féline. À l'intérieur, Sarâla s'étonne de ne rien entendre et elle suppute qu'il se passe quelque chose dehors. Elle sort aussitôt du caveau et aperçoit la visiteuse qu'elle reconnait spontanément, c'est Néthi, la Divine Adoratrice du temple de Karnak qui a quitté la maison de Chuza pour venir au tombeau sans en connaitre le lieu, à l'intuition…

Spontanément, Sarâla court à sa rencontre et les deux femmes se jettent dans les bras l'une de l'autre. Joies et larmes se confondent mais rapidement, Néthi reprend sa marche vers l'entrée du caveau sans exprimer aucun mot, le silence lui suffit, de toutes manières, elle sait que Yeshoua est vivant, elle prie depuis deux jours pour qu'il en soit ainsi. D'un pas décidé, elle entre dans le caveau suivie par Myriam et Sarâla et elle se penche sur Yeshoua pour toucher son buste, ses mains et son visage. Un sourire apparait sur son visage et d'un regard, elle apaise Myriam et Sarâla qu'elle invite à se poser à ses côtés.

Dans le plus grand silence, les trois femmes se mettent une prière, aucun mot ne leur est nécessaire, seule la foi qui les emplit leurs est utile pour ce qui va suivre. Néthi appelle à l'aide les puissances de guérison de la Déesse Sekhmet crainte par beaucoup mais aussi patronne des médecins depuis toujours dans l'Égypte antique. Très rapidement, des vibrations commencent à se générer dans tout le caveau et montent rapidement en puissance. Sarâla et Myriam pourraient avoir de bonnes raisons de s'inquiéter de ce qui se passe mais en observant la sérénité de Néthi qui continue son travail sur Yeshoua par le toucher, elles comprennent qu'elles ne peuvent que lui accorder la plus grande des confiances.

Dehors, personne n'ose entrer, chacun comprend qu'il se passe quelque chose de très fort et que l'apparition de Néthi n'est pas sans effet. Toutes les femmes restent dans le calme et le recueillement, personne ne se précipite ou s'affole d'aucune manière que ce soit. Au bout d'une demi-heure, Myriam ressort et fait signe à Jean et à Judas de venir la rejoindre à l'intérieur.

En quelques pas, ils entrent et sur une invitation de Sarâla, ils s'approchent du corps de Yeshoua. En mettant son doigt sur sa bouche, elle leur fait comprendre qu'ils doivent rester dans le silence. Au bout d'un court instant, Néthi se tourne vers eux et se décide à prendre la parole… Jusqu'à maintenant, elle n'avait prononcé aucun mot, n'agissant qu'avec ses yeux et ses doigts. Dans un cananéen tout ce qu'il y a de plus pur, elle leur explique que Yeshoua est encore en vie, que cela doit rester secret et qu'il faut l'emmener ailleurs le plus discrètement possible.

Jean et Judas décident de retourner rapidement chez Chuza pour lui demander conseil. Quelques minutes plus tard, les trois hommes trouvent une solution qui consisterait à emmener Yeshoua sur un brancard en lui laissant l'apparence d'un cadavre qu'accompagnerait une suite de personnes qui doivent être totalement convaincues d'accompagner un défunt. Les femmes qui attendent en ce moment devant le tombeau devraient très bien jouer ce rôle, elles le font dans la vie de tous les jours à chaque enterrement et elles en connaissent les chants.

De plus, Chuza connait un chirurgien égyptien aussi discret que compétent et qui a pût s'installer à Jérusalem grâce à des interventions de sa part auprès de ses relations personnelles. Connaissant très bien sa personnalité, Chuza pense que cette personne devrait accepter de les aider. Malgré l'heure très matinale, les trois hommes décident d'aller le voir de suite mais avant, Chuza s'entretient un court instant avec Philon à qui il confie la tâche de superviseur, huit Cercles Lumière étant toujours actifs jusqu'à dix heures du matin.

Sans la moindre hésitation, l'homme accepte de s'occuper de Yeshoua mais pour se faire, il leurs propose de l'accueillir ici chez lui mais dans la partie arrière de sa maison qui lui est personnelle. Ainsi, ce sera bien plus facile pour le soigner. Avant qu'ils ne repartent le chercher, il leur prête un brancard que lui-même utilise régulièrement pour ramener des malades dans son cabinet.

Toutes les décisions étant prises, Chuza, Jean et Judas retournent au pas de charge en direction du tombeau. Les rues sont toujours désertes car les gens ont veillés très tard et en ce jour de fête, ils préfèrent se reposer et rester au calme chez eux.

Quand ils arrivent, toutes les femmes sont à l'intérieur du tombeau mais à la vue du corps martyrisé de Yeshoua, elles se sentent totalement impuissantes. Savoir qu'il vit encore mais qu'il doit terriblement souffrir est encore plus difficile à supporter que si le décès avait été effectif. Seules Néthi, Sarâla et Myriam conservent leur calme et se sont déjà chargées de lui nettoyer le visage.

Toutes les trois approuvent le plan de Chuza et avec le maximum de précautions, le corps de Yeshoua est posé sur le brancard où il est de nouveau recouvert d'un drap propre en lin. Le premier est tellement tâché qu'il ne peut resservir pour le moment. Sans perdre un instant, les trois hommes le soulèvent, sortent du tombeau et se dirigent d'un bon pas mais sans précipitation pour que ça paraisse normal vers le quartier où habite le chirurgien. Alors que le médecin égyptien leur ouvre sa porte, Néthi se détache du groupe de femmes et s'approche de lui. Respectueusement, elle lui tend sa main pour qu'il puisse voir une bague en or qui est glissée à l'un de ses doigts. C'est un sceau certainement très important et en le découvrant, le médecin va pour se prosterner au sol. Mais Néthi l'arrête en le retenant de son autre bras, l'invitant à rester debout, ce qu'il accepte de faire avec beaucoup d'étonnement.

Par ce sceau, il sait qu'il a en face de lui la Divine Adoratrice de Karnak, la plus grande et la plus puissante des prêtresses égyptiennes. Devant l'urgence du moment, il invite les hommes à entrer le brancard dans sa modeste demeure pour y mettre Yeshoua à l'abri dans la petite pièce au fond du cabinet.

Malgré les émotions qui les envahissent, Sarâla et Myriam réussissent à conserver une totale lucidité. Pendant que Néthi et le chirurgien commencent à diagnostiquer les terribles plaies, elles dressent rapidement une liste de tous les produits dont elles vont avoir besoin. Certains peuvent être trouvés ici-même à Jérusalem mais pour les baumes, il n'en est pas de même. Aussi, Judas se propose d'aller les chercher dans le laboratoire de Sarâla à Cana. En chevauchant sans relâche, il devrait pouvoir être de retour dans la soirée ou au plus tard de bonne heure le lendemain.

De plus, il est très important de clore le travail des Cercles Lumière et pour se faire, Sarâla, Myriam et Chuza doivent retourner chez ce dernier. Les huit derniers Cercles vont bientôt se terminer et les personnes qui ont participées à ce fabuleux travail spirituel ne doivent surtout pas s'inquiéter de leurs absences. Effectivement, quand elles rentrent, la maison a repris une effervescence normale bien que tous les participants passablement fatigués ne soient plus en prière.

Très ému, Chuza les remercie chaleureusement et leur explique les effets qui ont eu lieu sur la foule présente à Jérusalem pendant les deux jours de méditations collectives. Personne ne peut supputer quoi que ce soit sur les conséquences de leurs investissements spirituels, l'avenir seul pourra le dire. Bien sûr, ils sont tous sont invités à se reposer ici-même où ils peuvent bénéficier d'une abondante collation, d'un espace pour se reposer également jusqu'au lendemain comme cela a été initialement prévu.

Concernant Yeshoua, Sarâla, Myriam et Chuza restent très énigmatiques laissant entendre qu'il est mort sur la Croix et que son corps est en train d'être lavé en vue d'une inhumation dans un cadre très restreint.

Débora et Judith sont restées chez le chirurgien avec Néthi pour s'occuper de Yeshoua. Ce dernier est plongé dans un profond coma traumatique dût surtout aux souffrances qu'il a enduré lors de la terrifiante flagellation. Au moindre contact, son corps réagit brutalement et le chirurgien aidé des trois femmes a beaucoup de difficultés pour panser les plaies béantes qu'il a partout sur le corps, surtout sur les bras, les épaules, le dos et les cuisses. Le flagellum est un fouet qui est composé de lanières de cuir au bout desquelles sont noués des éclats d'os. Quand le supplicié est fouetté, les osselets pénètrent sous la peau et quand le bourreau ramène son fouet, les osselets s'en dégagent en arrachant des lambeaux de chair.

Sur son corps, il y a des centaines de plaies et chacune doit être soigneusement lavée et désinfectée avant d'être refermé grâce à des fibres de lin particulièrement fines que le chirurgien coud à même la chair. Heureusement, l'opium qu'il détient et qu'il fait inhaler à Yeshoua, lui permet de réduire grandement sa sensibilité à la douleur.

Mais la priorité est d'abord de le maintenir en vie et pour cela, Néthi sort d'un petit sac plusieurs drogues que le chirurgien se charge de mélanger avec de l'eau et de lui faire ingérer afin de stimuler son cœur et pour calmer son corps constamment parcouru par des convulsions extrêmement douloureuses. Courageusement, les femmes reprennent leurs lourdes tâches malgré qu'elles soient toutes les trois placées dans un état émotionnel difficilement supportable. Elles vont passer une partie de la journée à redonner forme à l'enveloppe du corps de Yeshoua.

Vers midi, Sarâla et Myriam reviennent dès que plus rien ne les retient chez Chuza. Aussitôt, elles prennent le relais de Débora et Judith qui ont toutes les deux un grand besoin d'être réconfortées, ce dont se charge Jean. De son côté, Néthi refuse de quitter la pièce, elle sait que des moments particulièrement difficiles vont commencer dès que la nuit commencera à tomber et elle charge Judith d'un message important pour sa filleule Iset. Cette dernière doit se mettre au calme dans la maison même de Chuza afin d'ouvrir un canal énergétique avec le temple de la Déesse Mout à Karnak.

C'est pendant les heures les plus noires de la nuit que Yeshoua va commencer à s'éveiller. Mais malgré l'opium que le chirurgien lui fait respirer très souvent, ses douleurs sont tellement violentes qu'il hurle presqu'en permanence. Plusieurs de ses côtes ont été brisées lors des deux chûtes avec la croix et son torse est couvert de nombreuses plaies dont le sang coagulé doit être retiré afin d'éviter des infections et permettre une cicatrisation plus rapide.

Un simple toucher provoque une réaction spontanée de son corps qui entraine un mouvement respiratoire plus important et cela se traduit par de terribles douleurs. Si le chirurgien a l'habitude de cela, ce n'est pas le cas des femmes qui se relaient régulièrement et pour qui c'est très éprouvant...

Heureusement, les voisins ont l'habitude d'entendre ce genre de cris et personne ne s'interroge sur ce qui se passe chez le chirurgien. Néthi s'est mise en prière dans une autre pièce adjacente et souvent, Sarâla ou Myriam ou d'autres femmes viennent se joindre à elle pour un court instant de paix.

Le lendemain juste avant que le jour ne se lève, Judas est de retour avec tout les produits que Sarâla lui a demandé, des baumes pour désinfecter, d'autres pour cicatriser et d'autres pour détendre et relâcher les fibres musculaires. Yeshoua a eu les deux poignets percés par les clous comme les chevilles de ses deux pieds d'ailleurs, le pied gauche sous l'articulation de la cheville et le pied droit, un peu plus bas sur le dessus du pied.

Après cinq jours de veille ininterrompue, Néthi prend la décision de repartir. Elle craint pour sa sécurité et elle a aussi des charges sacerdotales qu'elle a laissées de côté faisant confiance à Iset et qu'elle doit reprendre. Sarâla et Myriam savent très bien que la présence spirituelle de la Divine Adoratrice sera toujours très forte autour de Yeshoua même si elle n'est plus là physiquement. Avec l'aide d'Anne et de May, Néthi est la véritable instigatrice de la Passion, acte profondément sacré destiné à produire une gigantesque vague d'Amour sur la Palestine et les pays proches.

Quelques heures plus tard, elle se joint à la caravane de Philon qui repart avec ses thérapeutes en direction du port de Jaffa pour embarquer sur le bateau qui les amené dix jours plus tôt.

Malgré la tendresse et la délicatesse de toutes ces femmes qui se relaient à son chevet, Yeshoua va hurler de douleurs pendant onze jours avant de commencer à retrouver son calme et de pouvoir enfin se détendre de ses souffrances.

À Jérusalem, la disparition du corps de Yeshoua n'est connue que de certaines personnes. Pour l'immense majorité, c'est certainement la famille qui a emporté le corps pour l'enterrer dans un lieu paisible qu'elle souhaite garder secret. Cette version arrange très bien Anân, Caïphe et Ponce-Pilate qui ont tous les trois très envie d'oublier ce qui s'est passé pendant cette fête de Pâque de l'an 33. Ils savent qu'il s'est passé un évènement inhabituel et qu'ils ont certainement fait une grave erreur mais avec une générosité de bon aloi, le peuple évitera de poser des questions encombrantes. Quelqu'un qui se prétendait le roi des juifs a été exécuté, quoi d'extraordinaire !!!

La fuite de Yeshoua à Alexandrie…

À la fin de cette épouvantable période, il n'est plus possible de conserver Yeshoua à Jérusalem, il faut l'emmener ailleurs en un lieu où il pourra recevoir des soins mieux adaptés… Néthi a suggéré une idée à Sarâla, emmener Yeshoua à Alexandrie dans le centre de thérapie de Philon. Là-bas, il pourra bénéficier d'une aide spirituelle peu commune. Myriam approuve sans la moindre hésitation malgré le fait qu'elle devra rester à Cana à cause de leurs deux enfants, du domaine familial qu'elle doit continuer à gérer et des gens qui la croient veuve.

Pendant que Jean se charge de remonter au plus vite jusqu'au port de Tyr où est mouillée la trirème pour lui faire rejoindre au plus vite le port de Jaffa, Judas s'occupe de transporter Yeshoua par des voies détournées. À Jérusalem rien n'a filtré et Yeshoua n'est nullement recherché, les différents protagonistes sont occupés à renforcer leurs pouvoirs respectifs, c'est donc un grand avantage... Yeshoua ne gêne plus personne, il est censé être enterré depuis plusieurs jours.

Six jours plus tard, Yeshoua est à bord de la trirème qui fait route sur le port d'Alexandrie. Il est surveillé attentivement par Sarâla et Jean qui lui appliquent des baumes plusieurs fois par jour alors que son état reste toujours très inquiétant. Bouger un seul bras lui provoque des souffrances terribles dans le poignet correspondant et il ne peut toujours pas se lever et encore moins marcher. Sur le plan émotionnel, son rayonnement s'est considérablement réduit et la joie de vivre qui l'accompagnait auparavant l'a quitté. Ce n'est pas ce qu'il faudrait bien sûr.

L'accueil de Philon est vraiment très chaleureux, comme d'ailleurs celui de tous les thérapeutes présents dans son centre, des êtres qui se sont mis au service des autres en les aidant par leurs prières essentiellement orientés vers les guérisons physique et spirituelle. Néthi s'y est arrêtée quelques jours et a donné de nombreuses consignes à trois thérapeutes qu'elle a chargé de veiller sur Yeshoua et de lui consacrer tout leurs temps et toutes leurs attentions.

Pendant les deux mois qui suivent, les soins de Sarâla et des trois thérapeutes vont s'alterner avec des manipulations manuelles faites sur toutes les parties du corps de Yeshoua pour s'efforcer d'assouplir les fibres musculaires et de détendre certains tendons très maltraités. Régulièrement, il bénéficie de toute la puissances des prières de guérison quotidiennes des thérapeutes qui ont pour objet de lui apporter de la sérénité en effaçant de son corps et de sa mémoire les souvenirs de ce qu'il a douloureusement enduré.

Si cela s'avère très efficace au point que Yeshoua retrouve peu à peu goût à la vie, ses chevilles sont trop détériorées pour lui permettre de remarcher normalement. Plus grave, ses poignets ne lui permettent absolument pas de tenir une canne qui compenserait son handicap et il ne peut marcher d'un pas très raide que s'il est soutenu fermement par deux personnes.

Un jour, Néthi vient leur rendre visite et tous ensembles, ils discutent de différentes options. Yeshoua ne peut rester trop longtemps près d'Alexandrie qui est sous domination romaine. Il pourrait rejoindre le temple de Karnak mais qu'y ferait-il de mieux ? Rien. Myriam, ses enfants et ses fidèles amis lui manquent.

C'est l'argument de Néthi qui a le plus de poids. Yeshoua a largement remplit la mission spirituelle pour laquelle il est venu s'incarner. Maintenant, il peut se mettre à l'écart de la société, se laisser aller et consacrer désormais tout son temps et tout son Amour à ses proches.

Trois jours plus tard, la trirème reprend la mer en direction de Tyr… Yeshoua ne peut retourner à Cana qui est sous l'autorité de Ponce-Pilate dont il a mis l'autorité en grand danger, il y serait reconnu aussitôt. Sur les conseils de Néthi et de Philon, il a modifié son apparence, ses cheveux sont coupés courts, son visage rasé tout les jours et il s'habille à la romaine. Philon lui a suggéré de changer de nom et avec beaucoup d'humour, il lui a proposé de prendre un nom romain très répandu, Maximin, ce qui a beaucoup amusé Yeshoua.

En remontant le long des côtes, ils en profitent pour faire une escale à Césarée. C'est là que Jean, rendu très prudent, a choisi de faire un court arrêt, le temps d'envoyer discrètement un messager à Cana pour informer Myriam qu'ils sont de retour et qu'ils vont bientôt débarquer à Tyr.

De là, ils se rendent directement à Damas, une ville du royaume de Syrie qui est sous l'autorité d'un légat romain dont ils n'ont rien à craindre et qui est particulièrement apprécié pour son intégrité. De plus, dans la partie résidentielle de cette très belle ville, Myriam possède toujours le petit palais que son père s'était fait construire peu avant d'être nommé régent du royaume de Syrie pour une période de quatre ans…

Pendant ce temps en Palestine…

Pendant que Jean et Sarâla s'occupaient de Yeshoua, Myriam a été prise en main par Judas et par son épouse Débora. Ils l'ont veillée attentivement, ne la laissant jamais seule afin de l'empêcher de sombrer dans une terrible dépression. Les souvenirs de son corps martyrisé lui reviennent sans cesse, jour et nuit, ses hurlements aussi… Comment les hommes en sont-ils arrivés à développer un tel niveau de cruauté ?

Moi Marie, je n'ai été autorisé à rendre visite à mon fils que quatre jours plus tard alors que son état commençait à s'améliorer. Ma mère Anne et May m'accompagnaient et pour elles aussi c'était un moment très difficile à supporter. Comme Myriam et Sarâla avaient fait respirer de l'opium à Yeshoua juste avant notre visite, nous n'avons pas été trop gravement traumatisées, l'état réel dans lequel se trouvait Yeshoua nous ayant été caché.

C'était Néthi qui avait imposé de restreindre au strict minimum le nombre de personnes dans la confidence afin d'éviter des discussions qui pouvaient s'avérer dangereuses pour tous. Pour oublier ces durs moments, Je n'avais pas d'autres choix que de me concentrer sur les quatre enfants encore à ma charge et sur Sarah et Judas, les deux enfants de Myriam. Ainsi, les deux mois où mon fils était à Alexandrie ont passé assez vite.


Mais pour Myriam, quel vide ! Comment peut-elle faire cesser les milliers de questions qu'elle se pose sur l'état de Yeshoua en ce moment, sur la détresse de sa très chère Sarâla et de ses fidèles amis Jean et Philon à qui elle impose une tâche très difficile ? Comment ne pas en vouloir à Néthi malgré le fabuleux travail de guérison qu'elle a initié après ? Au bout de trois semaines d'absence, un mois après la Passion, Judas lui fait remarquer que s'ils ne sont pas déjà de retour, c'est que Yeshoua a survécut à ses blessures et que sa convalescence est certainement bien entamée…

Myriam repense soigneusement à cette mission divine qui a d'abord été confiée à Sarâla dans un temple de Tyr, il y a déjà de nombreuses années de cela, ce qui lui a demandé un engagement spirituel total aussi puissant qu'éprouvant. Elle pense aussi à l'immense courage de Yeshoua qui a tout accepté et qui savait pertinemment qu'il devait réussir à se détacher de son corps à un moment où ce dernier serait soumis à la souffrance. Il le savait depuis sa première initiation dans le temple de Karnak, il en connaissait les tenants et les aboutissants mais jamais il n'a reculé.

Personne ne savait comment allait se passer cette fête de Pâque. Hérode-Antipas était bien dans la confidence de ce qui se préparait. Ponce-Pilate connaissant personnellement Yeshoua avait tout tenté pour contrer cette condamnation qu'il ne comprenait pas mais c'est Anân, le grand prêtre qui avait mit la population dans un état proche de l'émeute...

Quand Ponce-Pilate a réalisé qu'il était en train de mettre son avenir en jeu, il était rentré dans une grande fureur. Il ne savait plus comment il pouvait éviter un renversement qui lui aurait été fatal. Alors sans le moindre état d'âme, il avait sacrifié la vie d'un ami que lui-même comme sa femme Claudia appréciaient beaucoup à la vindicte d'un peuple excité par des centaines de prêtres au service d'un grand prêtre avide de pouvoirs.

Quelques jours après le départ de Yeshoua pour Alexandrie, Myriam était retournée à Jérusalem pour voir Hérode-Antipas… Il l'avait reçu sans la faire attendre mais à l'écart, dans un petit cabinet privé. Quand ils se sont retrouvé l'un en face de l'autre, une grande émotion les avait envahi tout les deux mais aucun mot n'avait pût sortir de leurs bouches. Hérode-Antipas était convaincu que Yeshoua était déjà mort à la descente de la croix et il aurait aimé dire à Myriam qu'il regrettait de l'avoir laissé condamner mais face à l'émeute qui se préparait, lui non plus ne pouvait rien faire… Anân l'aurait renversé et Ponce-Pilate l'aurait laissé faire.

Mais Myriam n'est pas venue pour le juger ou pour lui demander des explications, il le sait… Avec un grand étonnement, elle est venue pour le remercier de les avoir aidés à travailler avec les Cercles Lumière chez son intendant Chuza auxquels ce dernier avait activement participé ainsi que Phasaelis, la première épouse d'Hérode-Antipas, une femme admirable qu'il avait répudiée avec beaucoup de regrets d'ailleurs parce qu'elle ne lui donnait aucune descendance. Connaissant et appréciant sa grande sagesse et sachant qu'elle y participait, Hérode-Antipas avait eu envers tout le groupe, un comportement très positif, allant jusqu'à fournir une partie du personnel de maison, des denrées et de la bière à profusion.

Au bout de nombreuses minutes de ce silence très proche d'une prière partagée en face à face, Myriam le salue et le quitte. Par le langage du Cœur, ils se sont tout dits… Jamais ils ne se reverront…

Dans quelques semaines, Hérode-Antipas va apprendre que Phasaelis est enceinte. C'était la seule raison pour laquelle il l'avait répudié et sans s'interroger d'aucune manière, il choisit de répudier sa deuxième épouse et les trois filles de cette dernière sur le champ. Huit mois plus tard, Phasaelis mettra au monde un joli garçon qui les comblera de bonheur tous les deux pendant de très longues années…

Les retrouvailles…

Un peu plus de deux mois plus tard, le messager de Jean arrive à Cana… Dans la plus grande discrétion, Myriam envoie des consignes à un ami syrien pour qu'il recrute des serviteurs de confiance chargés de rouvrir au plus vite le petit palais de Damas. Une semaine plus tard, deux groupes de cavaliers se rejoignent sur la voie qui mène de Tyr à Damas. D'un côté, Jean suivi de Yeshoua et de Sarâla et de quelques serviteurs, et de l'autre, Myriam et Judas suivis de plusieurs serviteurs.

Moi, Marie, ma maman Anne et May, nous avons préféré rejoindre Damas directement.

Yeshoua est guéri mais il a perdu une grande partie de son rayonnement… Il a toujours besoin de repos et de tranquillité. Damas est deux fois moins loin de Cana que Jérusalem ce qui fait que Myriam peut venir le rejoindre plus souvent bien que ne soit pas toujours très facile. Sur les évènements de la Passion, elle n'a rien dit à ses enfants de peur qu'ils ne fassent une grande maladresse. Pour eux, leur père est parti pour un long voyage et ils ne savent pas quand il reviendra, c'est toujours ce que prétendent les mères qui ont perdu leur mari à la guerre mais les enfants ne sont pas dupes.

Myriam et Yeshoua se retrouvent toujours aussi amoureux mais le fait de devoir se cacher les gêne grandement. De plus, Yeshoua ne peut pas faire grand-chose et cela le dérange beaucoup. Sa volonté est toujours de continuer à enseigner la parole divine mais pour l'instant, il n'a pas d'autre choix que de se faire oublier. Physiquement, les soins médicaux prodigués par Philon et Sarâla lui ont permis de survivre mais il reste fortement handicapé et a besoin d'une aide permanente pour tous ses déplacements même les plus intimes. Des massages lui sont prodigués tous les jours mais sa mobilité ne s'améliore en rien…

Grâce au travail spirituel dirigé par Néthi, son état mental a nettement progressé et il a réussi à dissoudre ses peurs mais les souvenirs sont encore bien là et il serait bon qu'il s'exprime sur ce qu'il a vécu. Il l'a déjà fait en secret envers Néthi et Iset qui l'avaient guidé par télépathie tout au long du chemin de croix.

Un soir, Yeshoua se décide enfin à parler… La nuit est tombée et autour de lui sont réunis ses plus fidèles amis, Myriam et Sarâla, Jean et Judas, Débora et Judith, Marie, Anne et May et trois autres personnes qui font partie de l'élite spirituelle de Damas. Il raconte comment, cloué sur la croix, il s'est vu mourir mais que grâce à l'élévation de sa conscience que Néthi lui avait permit de réaliser, il avait pût assister à tous les évènements qui ont suivis…

Dans l'obscurité du tombeau, mon Esprit me permettait de me mouvoir et d'observer tout ce qui s'y passait. Je voyais mon corps martyrisé dissimulé sous le linceul, enfermé dans le carcan des souffrances que j'avais enduré mais surtout de toutes les souffrances que j'avais retiré du Monde, du sommet de la Croix. Il était en train de tiédir, ses dernières énergies vitales semblant déjà se disperser dans l'espace.

Avec beaucoup d'émotion, Yeshoua continue : Lors de la seconde initiation dans le temple d'Isis à Philae, ELLE m'avait assuré de Sa présence et si ELLE m'avait initié aux mystères de la résurrection par l'intermédiaire de Néthi, ce n'était pas par curiosité mais bien pour que je la vive, quelque soit l'état de mon corps. ELLE ne voulait pas que je meure, ELLE avait besoin de moi afin que je témoigne de son Amour avec les présences inestimables de Myriam et Sarâla.

Entre le lever du Soleil et le moment où il est au firmament, il y a un point précis qui permet de créer un équilibre entre la Mort et la Vie. Entre le firmament et le coucher du Soleil, il y a un second point d'équilibre qui se trouve entre la Vie et la Mort. C'est en ces seuls deux points qu'ELLE pouvait se manifester dans sa Toute Puissance…

Au premier point d'équilibre de la journée de samedi, une minuscule Croix de Lumière pénétra dans le tombeau, s'immobilisa juste au-dessus de mon corps et commença à grossir en libérant des énergies vitales qui couvraient toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. Tous les points énergétiques de mon corps furent lentement réactivés et peu à peu, les réseaux se reconnectèrent les uns aux autres récréant toutes les conditions pour que mon corps puisse se remettre à vivre. Cela dura plusieurs heures jusqu'au moment où le Soleil arriva au second point d'équilibre, samedi soir.

À cet instant précis, tous les rayons de Lumière qui ne cessaient de s'entrecroiser dans l'enceinte fermée du tombeau se concentrèrent en une minuscule boule de lumière rose, une boule qui pouvait facilement tenir entre les paumes des deux mains et qui se positionna juste au dessus de mon harra. Puis cette boule pris de la hauteur et s'éleva dans le tombeau jusqu'à toucher la voute.

Alors, elle explosa en provoquant une énorme irradiation dans tout le tombeau. Un nombre impressionnant de rayons de lumière blanche s'en échappèrent et disparurent presque spontanément dans le néant en provoquant la formation d'une multitude de vibrations, chacune étant indispensable pour remettre en activité toutes les énergies vitales de mon corps. Dès que les vibrations s'installèrent dans les douze centres d'énergies, elles se concentrèrent entre elles afin de permettre à la Croix de Lumière de se reformer à l'intérieur de mon corps qui venait de prendre l'apparence d'une architecture de pur cristal.

Cette réactivation par la Lumière permit de maintenir mon corps en activité jusqu'au dimanche matin. Pendant les premières heures du jour, une chaleur anima tous mes éléments et après une brutale décristallisation, mon corps retrouva sa nature de chair. Quand Myriam et Sarâla pénétrèrent dans le tombeau, cette Lumière venait juste de se disperser, remplacée spontanément par l'Amour inconditionnel qu'elles me déversaient et qui prit le relais pour me faire revivre.

Je revins à la Vie certes, mais avec une tâche immense, évacuer toutes les souffrances que je contenais encore au plus profond de mon être, sachant que cela me prendrait énormément de temps, sans doute le reste de ma Vie… J'avais le sentiment d'être devenu un immense récipient et je compris chez Philon que la véritable tâche d'élimination commençait seulement maintenant et que cela me prendrait de longues années. L'être humain est conçu pour absorber une dose de souffrances qui ne peut dépasser un certain niveau, sinon la mort intervient très vite.

Chez Ponce-Pilate, j'ai enduré des souffrances physiques comme beaucoup de suppliciés mais eux sont partis dans la haine et la colère et reviendront, pour leur prochaine incarnation, dans des circonstances encore plus dures.

Pendant les heures terribles où j'ai porté la croix et où j'ai été cloué dessus, je n'ai eu de cesse de prier pour que la souffrance des gens qui m'insultaient et me crachaient dessus soient largement réduites afin de les aider à changer d'état de conscience et découvrir enfin le véritable Amour. Je me suis chargé des souffrances de milliers de personnes et il me faudra encore beaucoup de temps pour m'en libérer.

C'est un choix que j'ai fait et que je ne peux regretter.
Malgré toutes les souffrances que mon corps endure,
Mon cœur est dans une joie immense pour toujours.

Après ce récit, Yeshoua pleura longtemps. D'un simple geste, il fit comprendre aux personnes présentes de le laisser seul, ce qu'ils firent en se retirant de la pièce… Myriam crut devoir rester mais d'un échange de regard, elle comprit qu'elle aussi devait le laisser seul.

ELLE était à ses côtés pour le réconforter, Yeshoua en avait tellement besoin…

Sarâla et Myriam furent éblouies par ce qu'elles venaient d'entendre de la bouche même de Yeshoua mais elles n'en étaient pas vraiment surprises, cela correspondait bien à ce qu'elles avaient découvert pendant toutes ces années passées à tenter de se rapprocher du Divin.

À part Jean et Judas, les hommes ont bien plus de mal à comprendre comment une telle résurrection spirituelle peut se faire. De plus, ils ont toujours crû que Dieu était à leur image, masculin et cela les surprend beaucoup d'entendre Yeshoua rendre hommage à la Grande Mère de l'Univers...

En intimité avec Myriam et Sarâla, Yeshoua leur donnera d'autres indications sur ce qui s'est passé depuis le moment où les soldats sont venus le chercher, jusqu'au moment où ses souffrances physiques ont commencé à s'estomper, treize jours plus tard.

La convalescence de Yeshoua en Inde…

An 34 // Yeshoua est quand même très handicapé, il ne peut que difficilement se déplacer et ne peut rien faire de ses deux mains. Un jour, May et Sarâla lui proposent une solution, qu'il se rende au Kerala pour s'y faire opérer des pieds et des poignets. May connait des chirurgiens capables de réussir de telles prouesses. Mais ni Sarâla, ni Myriam ne peuvent retourner là-bas. De son côté, Jean est plus que jamais indispensable à Cana, tant pour reprendre en main le domaine où la discipline s'est relâchée et la production baissée au point que les récoltes se sont dangereusement réduites, que pour assurer la protection de toutes les femmes du clan de Myriam et des enfants.

Que ce soit en Égypte, en Palestine ou en Inde, la chirurgie n'est pas une pratique très répandue surtout qu'au départ, elle n'était utilisée que sur les champs de bataille, et aussi pour embaumer les morts. Seuls les meilleurs chirurgiens sont autorisés à travailler sur des personnes vivantes mais leurs services sont toujours réservés à une élite. C'est lors de l'accident de son mari que Sarâla avait découvert l'existence de cette pratique et de ce qu'elle pouvait parfois réussir. Aussi est-elle en mesure d'expliquer à Yeshoua ce qu'il faudrait faire pour qu'il remarche en ne lui cachant surtout pas qu'il va devoir souffrir dans son corps pendant de longs mois.

Au début de ces explications, Yeshoua prend brutalement froid, très froid, comme s'il se retrouvait de nouveau dans la solitude du tombeau. Après un moment de panique, il plonge ses yeux dans ceux de Sarâla et spontanément, il ressent une magnifique chaleur. Il croit alors en ce qu'elle lui explique et il lui accorde sa confiance la plus totale. Il a compris qu'il va devoir retraverser en sens contraire des moments très douloureux mais c'est certainement le meilleur choix possible. Aussi il accepte…

May repart aussitôt en Inde avec une des caravanes de Myriam et trois mois plus tard, Sarâla reçoit une réponse de sa mère qui l'assure de la réussite d'une telle entreprise, elle connait très bien les deux chirurgiens de la cour et le Radja a donné son accord à la condition que la discrétion soit de mise. Elle invite Yeshoua à venir la rejoindre à Kottayam, s'engageant à s'occuper personnellement de lui. De son côté, Judas s'est proposé pour l'accompagner pour veiller sur lui avec le plein assentiment de son épouse Débora qui restera seule mais pas vraiment à Cana.

Quelques jours plus tard, les deux hommes partent discrètement avec une caravane. Après un mois de voyage, ils débarquent à Kottayam où ils sont placés directement sous la protection de May, qui est la mère de Sarâla mais aussi la sœur ainée du Radja. Elle les installe dans une charmante demeure avec tout le personnel nécessaire à leurs conforts.

C'est là, sous sa bienveillante surveillance, que Yeshoua va subir plusieurs opérations chirurgicales pour rendre leurs mobilités à ses deux chevilles. Cela prendra plusieurs mois mais les souffrances qu'il endure pendant tout ce temps n'ont rien de comparables à celles qu'il a subies pendant la Passion. Jugeant par lui-même de l'excellent travail des deux chirurgiens, il se rend compte qu'il peut remarcher mais qu'il aura toujours besoin d'une canne pour assurer son équilibre. Devant un tel résultat, il accepte de se faire opérer des deux poignets. Cela va prendre encore de longs mois, chaque poignet devant être opéré trois fois pour rallonger certains tendons qui se sont rétractés. Quand tout est terminé, ils n'ont pas retrouvé la souplesse qu'ils avaient avant mais désormais, Yeshoua peut serrer ses mains et s'en servir pour tenir des objets sans que cela lui provoque des douleurs très désagréables comme avant.

De son côté, Judas se révèle être un compagnon au très grand cœur, il possède des qualités qui vont permettre aux deux hommes de développer une complicité de plus en plus profonde, chacun devenant le confident de l'autre. Au bout de dix-huit mois passés dans ce très beau pays qu'est le Kerala, Yeshoua, enfin guéri, se décide à prendre congé pour revenir à Damas. Sa démarche est encore claudicante et ses poignets sont restés assez raides mais toutes les fonctions des doigts ont été réparées. Il n'a plus aucun problème de préhension mais il ne pourra jamais travailler autant qu'avant, il n'a plus la même résistance et la fatigue l'envahit rapidement.

Il leur faudra quelques jours pour faire leurs adieux à toutes les personnes qu'ils ont rencontrés pendant ce séjour, que ce soit les chirurgiens et leurs aides, le personnel de maison et les amis découverts pendant leurs séjours et qui les ont aidés et soutenus dans ces moments très difficiles. En tout, Yeshoua a été opéré onze fois et ça n'a pas été facile à supporter tant pour Judas que pour May, toujours présente dans les moments difficiles. Elle va sur ses 79 ans et elle est encore dans une forme physique et mentale étonnante. L'envie de les accompagner en Palestine pour revoir sa fille lui est permanente mais son frère, le Radja, s'y opposerait certainement car il n'a pas du tout apprécié son absence prolongée deux ans auparavant.

May est toujours venue soutenir Judas pendant les phases opératoires de Yeshoua, les moments les plus éprouvants. Pendant leurs longs moments ensembles, Judas lui a fait découvrir l'immense travail spirituel réalisé par Sarâla et Yeshoua sous le patronage de Néthi, travail qui n'a pût se faire que grâce au soutien inconditionnel de Myriam. Judas et May partagent souvent sur les évènements qu'ils ont vécus lors de la Passion et de qui s'est passé ensuite chez Philon. Dans la spiritualité hindoue, May lui raconte de nombreuses histoires qui présentent des similitudes surprenantes avec ce qu'ils ont vécus. Transcender la souffrance des autres en Amour n'est un mythe que pour les ignorants, pas pour celles et ceux qui font l'effort d'aller à la rencontre du Divin…

Au moment où ils s'apprêtent à monter à bord de la birème, May retient tendrement Yeshoua par la main en lui déclarant que cela fait deux ans qu'il a quitté la Palestine et qu'il n'a aucune raison d'y retourner. Il est désormais un homme neuf et ce serait bien mieux si seul Maximin pouvait entreprendre le chemin du retour pour entamer cette nouvelle vie. Ici, raser de près tous les jours, coiffé court et habillé à la mode indienne, Yeshoua n'a jamais été pris pour un juif. Désormais, il doit être bien difficile de le reconnaitre sous sa nouvelle identité que les autorités de Kottayam ont inscrite sur son laissez-passer qu'elle lui remet de la main à la main. Dans un grand moment de silence, Yeshoua acquiesce de la tête.

Yeshoua restera en Inde, c'est Maximin qui revient auprès de Myriam…

Le voyage de retour se passe tranquillement, Maximin et Judas restent tranquillement dans la caravane, évitant de se faire remarquer. Maximin ne veut pas retourner à Damas où il ne se sent pas libre de ses faits et gestes. Vitellius, le légat de Syrie nommé par Rome commence à s'agiter à cause des trop nombreuses tensions qui continuent d'avoir lieues à Jérusalem. Il finit par renvoyer Ponce-Pilate à Rome à cause de son incompétence politique car il ne fait que provoquer de plus en plus de conflits avec les religieux. À cause de son intolérance, il est devenu le bouc-émissaire de tout un peuple qui se révolte de plus en plus contre le pouvoir romain même à Cana...

Maximin et Judas, informés des évènements lors de la traversée de Babylone, pensent qu'il vaudrait mieux quitter cette région qui devient de plus en plus agressive. Maximin souhaite voyager afin de revoir ses anciens amis tout autour de la Méditerranée. Aussi lors de leur passage à Damas, Judas envoie un messager prévenir Myriam, Sarâla, Débora et Jean qu'ils continuent avec la caravane jusqu'à Tyr. De là, ils décideront de ce qu'ils doivent faire.

Les retrouvailles se feront quelques jours plus tard mais il n'est pas nécessaire d'en décrire les moments forts, les mots ne suffiraient pas…

Et pendant ce temps, moi, Marie… Bien que réconfortée par tous, mon chagrin est immense… Pour moi, mon fils était mort sur la Croix et je n'ai pas réussi à comprendre le mystère de sa résurrection. Quand Myriam essayait de me parler de lui et de sa guérison en cours chez Philon, je ne voulais pas y croire mais quand il est revenu, j'ai fondu en larmes. Comme il ne pouvait venir vivre à Cana, je me suis réfugiée dans la maison de Myriam sans oser en bouger. C'est très dur pour une mère d'accepter de voir son fils aussi diminué qu'il l'était et moi, je ne voulais plus le voir souffrir…

J'ai préféré me concentrer sur les enfants qu'il me reste à élever. Ce qui s'est passé lors de la Pâque commence à s'estomper. Parmi les gens présents sur les pentes du Golgotha qui avaient été envahi par les Énergies d'Amour, beaucoup ont repris leurs anciens comportements et pire, croyant qu'ils vont à contre-sens, ils commencent à m'agresser prétendant que je suis la mère d'un charlatan. Il m'est donc de plus en plus difficile de me promener librement dehors. En fait, nous entrons dans une période de troubles graves et les peurs ne cessent de se développer de tous les côtés. Moi-même, je n'ose plus sortir de peur d'être désagréablement interpellée…

Les gens de la maison de Myriam ont été chargés de dire que je suis partie en voyage afin que l'on me laisse tranquille. Ma dernière fille, Marie, a décidé de rester à mes côtés, elle ne veut pas se marier et de plus, elle commence à étudier sérieusement les plantes avec Sarâla.


Depuis que Yeshoua et Judas sont partis en Inde, Myriam retrouve petit à petit la tranquillité de son immense maison quasiment vide. Depuis son retour, Jean s'efforce d'être le plus souvent possible à ses côtés pour la soutenir. Myriam n'est pas vraiment triste et quand elle repense aux moments durs qu'ils viennent de vivre et dont ils ont triomphé, c'est de la joie et de l'Amour qui l'inondent. Ses grandes interrogations vont surtout dans le sens de savoir ce qu'ils doivent désormais faire. Elle essaye bien d'enseigner autour d'elle la parole de Yeshoua mais les troubles politiques ne font que s'aggraver rendant les gens de plus en plus agressifs.

Et Sarâla…

Sarâla repart plusieurs fois en voyage mais toujours seule avec un équipage qui lui est totalement dévoué. Elle passe de plus en plus de temps en Égypte auprès de Philon mais elle ne ressent pas du tout le besoin de retourner dans ces hauts lieus spirituels que sont Karnak et Philae. D'ailleurs Néthi ne pourrait certainement pas la recevoir, toute occupée qu'elle est à organiser des Cercles Lumière pour apporter de la Paix, de l'Amour et de la Confiance partout où elle peut encore aller.

Quand elle va à Alexandrie, c'est depuis la cellule que Philon met à sa disposition que Sarâla se sent le mieux reliée à cette Source qu'est le Cœur de l'Univers et cela lui suffit largement, elle n'a plus envie de chercher encore plus. Néthi lui a dit que sa tâche était terminée et qu'elle pouvait désormais se consacrer à elle, à son bonheur personnel et à ses passions.

Alors elle va aussi souvent que possible à Alexandrie, dans la grande bibliothèque, à la recherche d'écrits qui l'intéressent. Sur place, elle y rencontre beaucoup d'érudits qui ont plaisir à la questionner sur ce qui se serait passé au Golgotha mais peut-elle leur dire la vérité ? Non, Yeshoua est mort sur la Croix et son corps a disparu… Rien ne sert de dire la vérité si elle n'est pas comprise et qu'elle provoque alors un rejet.

Une vérité ne peut être formulée que si elle peut être totalement intégrée…

Avec Philon, ils ont passé un accord, celui de ne jamais parlé de la résurrection miraculeuse de Yeshoua, trop peu de personnes sont capables d'admettre un tel évènement et encore moins d'en comprendre la profondeur spirituelle. Aussi, ils se contentent de laisser les gens interpréter d'eux-mêmes, en fonction de leur niveau de conscience personnelle, sur ce qu'ils ont vu ou cru voir, sur ce qu'ils ont entendu et cru entendre sur cet évènement.

Par contre, elle se sert largement des enseignements de Yeshoua pour les répandre le plus largement possible autour d'elle. Beaucoup viennent l'écouter quand elle monte à une tribune mais bien peu parmi eux vont s'efforcer de mettre en pratique ce que Sarâla s'efforce de leur apprendre, participer par la prière et l'Amour à générer une fabuleuse énergie de guérison en réunissant ensemble des groupes de femmes et quelques hommes très éloignés de la volonté de pouvoir…

À chacun de ses séjours, elle ne reste à Alexandrie que quelques semaines et sans prévenir, elle prend la décision de retourner à Cana espérant y retrouver Yeshoua ce qui se fera au bout de deux ans. Elle venait de revenir à Cana quand le messager venant de Babylone arriva pour leur apprendre que Maximin et Judas seraient bientôt à Tyr.

Tyr, une capitale phénicienne entre Terre et Mer…

An 36 // Mais au bout de quelques mois passés à Tyr, Maximin et Myriam commencent à se poser de nombreuses questions sur l'avenir de tous. Les troubles augmentent de tous les côtés et il vaudrait mieux pour eux qu'ils quittent cette région de plus en plus inhospitalière. Aller à Rome, capitale du monde moderne et peut être réussir à se faire entendre par l'Empereur Tibère sur ce qui se passe dans ce pays !!!

S'ils veulent enfin vivre en paix,
Ils doivent tous quitter la Palestine…

Fin du Livret 5/6



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