Album Magique d'Isapierre, Episode No 92 : Des clous et des épines pour les Femmes toujours accusées d'être responsables de la souffrance du Monde...

Magie No 92 - Des clous et des épines pour les Femmes
Toujours accusées d'être responsables de la souffrance du Monde...

Eglise de Ferney-Voltaire – 13 juin 2010 - Cette église, comme beaucoup d’autres en Europe, a été construite dans la fin du XIXème siècle après la parution en 1862 de la bulle papale déclarant comme d’origine divine le dogme de l’Immaculée Conception. Elle a donc été dédiée à Marie, en l’honneur de qui un très bel oratoire a été construit derrière l'autel central. Cette disposition est commune dans beaucoup de ces églises "Notre-Dame" et je ne peux que déplorer que l’oratoire soit caché pendant les offices… Marie est présente dans "Son église" mais Elle n’en occupe jamais le centre.

Je vous invite à y marquer une pause si vous passez à proximité. L’oratoire est très clair, très lumineux et le calme qui y règne permet de méditer sereinement. Peu de personnes connaissent d’ailleurs son existence et c’est bien dommage.

C’est quand on veut en repartir que l’on remarque sur la tribune, au-dessus de l’entrée, un tableau assez sombre et vraiment très mal entretenu qui est censé représenter l'entrée des femmes dans le tombeau de Jésus. Deux Anges leurs apparaissent pour leur annoncer la résurrection, et devant un tel prodige, elles ne peuvent que se prosterner humblement...

Mais au lieu de les rassurer et de les enseigner dans l’Amour comme cela a certainement été le cas, ces derniers leurs présentent les soi-disant outils de souffrance du Christ, les clous récupérés par Nicodème au pied de la Croix et la couronne d'épine enfoncée sur la tête de Jésus lors de sa comparution devant Pilate.

Mais il ne s’agit là que d’objets matériels maniés par des hommes. Ce sont bien des hommes qui ont enfoncés la couronne d’épines sur la tête de Jésus et ce sont bien d’autres hommes qui ont cloués Jésus sur la Croix.

Chaque femme sait très bien que les souffrances physiques se réparent alors que les souffrances émotionnelles sont souvent bien plus cruelles. Même dans une vie apparemment sans difficulté, comment peut-on supporter depuis son enfance d’être considérée comme étant, par le mythe de la côte d’Adam, un sous-produit de l’homme et par un simple fruit partagé, être responsable du péché originel. J’ai beaucoup de mal à comprendre pourquoi il y a encore tant de femmes dans les églises où elles ne bénéficient que d’un respect limité.

Pour revenir à ce tableau, les Anges n’auraient-ils pas dû plutôt leurs amener du pain pour le Corps et du vin pour le Sang ? Ainsi rassasiées, elles auraient pu témoigner de l’Amour que Jésus leur portait mais ce n’est certainement pas ce que les commanditaires de ce tableau ont souhaité. Ils ont seulement voulu que les femmes soient représentées dans une position de prosternation où elles semblent demander pardon.

Je vous invite à monter sur la tribune qui n’est jamais éclairé et à regarder de prêt la manière dont cette peinture a été entretenue. Une couche de vernis a été déposée dessus d’une manière vraiment très grossière et on voit toutes les traces du rouleau utilisé ainsi que des coulures partout. Cette manière de peindre me rappelle le blanchiment à la chaux des étables et des porcheries. C’est honteux et je ne peux qu’être convaincu que les personnes responsables de cette destruction ne devaient pas avoir beaucoup de respect pour les femmes.

Pourtant, il y a bien un conseil paroissial ainsi que des centaines de personnes qui passent dans cette église chaque mois. Pourquoi laisse-t-on à la vue de tous un tableau aussi crade et représentatif de l’écrasement des femmes… Est-ce pour les impressionner et leurs rappeler qu’elles ne sont qu’au plus bas dans la reconnaissance de l’église catholique et coupables de tout…

En tout cas, dans sa démarche d’avilir et de culpabiliser toujours davantage les femmes, l’église de Ferney-Voltaire dédiée à Marie a bien réussi en plaçant un oratoire caché d’un côté et une porcherie de l’autre au-dessus de l’entrée...