Shâtan, notre Obstacle…

Curieusement, l’expérience de l’Être ne manque jamais de faire apparaître son ennemi. Partout où se manifeste l’Être essentiel surgit le monde antagoniste. L’ennemi est une puissance qui contrecarre ou détruit la vie voulue par Dieu.

Plus l’orientation vers le surnaturel est nette, plus est déterminé l’engagement de l’homme à son service, plus sûrement il trouve devant lui l’ennemi acharné à l’écarter de la voie juste. Ce n’est pas une pieuse légende, mais une donnée d’expérience qui ne peut s’expliquer logiquement.

Dés qu’un homme a reçu la grâce d’une expérience de l’Être, quelque chose vient troubler, dans les heures qui suivent, l’état de béatitude où l’avait transporté l’expérience qui le libère et l’engage.

Il ne s’agit pas d’une compensation psychologique qui, par loi d’équilibre, fait suivre la joie débordante par une dépression ou l’état de tristesse par une exubérance que les circonstances ne justifient pas.

Shâtan (Satan) en hébreu veut dire l’obstacle…

En même temps que s’éveille notre désir d’union avec le Christ ou avec Dieu, se réveille ce qui fait obstacle, ce qui veut empêcher cette union.

Dans la pensée judéo-chrétienne, le Satan n’est pas un Dieu en face d’un Dieu, la puissance du mal et des ténèbres qui s’opposeraient comme dans les schémas dualistes, à la puissance du bien et de la lumière.

Shâtan est une créature dont la fonction est de nous éprouver, de nous tenter, afin de nous rendre plus forts ou simplement pour nous permettre de prendre conscience de notre degré de foi et de confiance en Dieu.

Sans les démons et les embûches qu’ils mettent sur notre route,
nous ne pourrions pas faire de progrès disaient les Pères du Désert.


Jean-Yves Leloup / L’Absurde et la Grâce / Page 245 et 246

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